Sur un banc voisin
Terre! Terre! Terre! Retentit soudain. J'ouvre la paupière, Et j'arrive enfin. Iles fortunées Toujours environnées De verds citronniers; Superbes palmiers, Jasmins, grenadiers, Qui bordez la plage Qui couvrez ce port! C'est sous votre ombrage Que je cours d'abord. Sur un promontoire bientôt je gravis, Et là j'etablis Mon observatoire. En noirs escadrons, Je vois mille thons Flotter sur les vagues. Et vers nos madragues Pesamment nager. Le troupeau sans crainte, Dans ce labyrinthe Vole s'engager. |
Les chambres se ferment, Les pièges enferment Cent monstres marins. Les canots accourent, Soulèvent, entourent Les filets tous pleins. Les captifs bondissent, S'agitent, frémissent, Se roulent, se glissent, Jusqu'au bord des flots. Les ondes jaillissent Sur les matelots. Leur bras les saisissent. D'énormes poissons Les barques s'emplissent; Les buccins mugissent: A leur rauque son, De loin applaudissent Les antres profonds. La capture arrive: Je vois sur la rive Glisser, frétiller, Bondir et briller Dorades charmantes, Et rougets sanglans, Et vives piquantes, Et mulets volans. |
Vivante marée, Sardine azurée, Délicat anchoi! Subissez ma loi: Il faut que je dine; De votre chair fine Ça, régalez moi! Midi nous rassemble Les pécheurs ensemble, Au bord de la mer, Nagent dans la joie. Feu brillant et clair, Prépare leur proies: Un flacon de vin Bien rouge, bien sain, Rafraichit dans l'onde. La tasse d'étain Sert à tout le monde; Une planche ronde, Que nous entourons, Assis sur le sable, Est le plat, la table, Et nous la chargeons De mille poissons Bouillis pèle mèle, Dans l'eau maternelle Par les vieux patrons. |