Les Chemins de Porquerolles

Un choix de textes sur l'île de Porquerolles


Extrait de la Notice d'évaluation foncière des Iles d'Hyères, 1810



Corps impérial
du génie
Direction de Toulon
Poste
des Iles d'Hyères

15 octobre 1810
Notice sur la valeur foncière des îles d'Hyères et sur les avantages que leur possession peut offrir au gouvernement.



          Les trois îles d'Hyères s'étendent au sud-est de la ville de ce nom, sur une longueur de 7 lieues et couvrent plusieurs mouillages qu'il leur ont donné de l'importance dans tous les temps.
          Les Romains; qui les appelaient Stechades ou îles qui se suivent, y ont laissés des constructions et des médailles. Les Sarrasins des preuves de leur fréquentes irruptions. Les Espagnols les ont plusieurs fois occupées vers le XVe siècle et les Anglais en ont fait en 1707, 1744 et 1793 l'appui de leurs opérations contre la Provence et l'Italie.
          Dans les premiers siècles de l'église, elles furent assez bien cultivées par des religieux qui furent plusieurs fois chassés ou pris par les sarrasins, et dans le courant du dernier siècle, étaient cultivées par quelques familles qui y récoltaient avec avantage des grains, des légumes et un peu de vin, jusqu'en 1793 que les Anglais les ravagèrent et amenèrent les habitats et les bestiaux. Depuis ce temps de trouble, elles sont passes successivement entre les mains de divers spéculateurs qui ont coupé sans discernement les bois de haute futée sans donner beaucoup d'attention à l'agriculture.
 
Île de Porquerolles
 

          L'île de Porquerolles qui est la première à l'ouest, est séparée du continent par un canal de 2400 mètres de largeur ; elle a 8000 mètres de longueur sur 2000 de largeur moyenne : elle présente deux masses principales de collines couvertes de pins et d'arbustes, entrecoupée de vallons autrefois bien cultivés et aujourd'hui à peu près incultes.
          Le dernier propriétaire paraît l'avoir acheté de son prédécesseur pour la somme de 5488 F s'engageant pour lui de payer au gouvernement la somme que ce dernier restait à devoir pour prix de la première acquisition, sommes très confusément expliquées au contrat et qui paraissent ne pas dépasser 15 000 F et qui ne sont pas encore payés. On est donc fondé de croire que le dernier propriétaire M. Régis, la possède pour la somme de 20 488 F dont une partie est encore due au gouvernement.
          Sa majesté ayant décrété le......... La reprise de cette île, pour cause d'utilité publique, elle va passer au domaine impérial et doit présenter le revenu ci-dessus détaillé qui est celui qu'en retirait le propriétaire dans les deux ou trois dernières années.
                    Il n'y a dans toute l'île que deux familles indigentes qui défrichent arbitrairement et d'espace en espace les terrains qui leur paraissent les plus fertiles, pour y semer un peu de blé, et comme ils en récoltent, année commune, 36 hl dont ils rendaient 1/6 au propriétaire il en revient donc à ce dernier 6 hl qui a 32 F donnent :
192,00 F
          Les fermiers payent 1,50 F pour chaque chèvre qu'ils nourrissent dans l'île et comme elles sont 250 cet article montera à :
375,00 F
          (Nota) cinq à six vaches servent aux travaux de l'agriculture, ne payant rien au propriétaire non plus que la volaille et la culture de quelques légumes.
          Le meilleur revenu de l'île consiste en bois de chauffage qui a toujours été exploité avec avidité et sans économie, mais qui bien réglé de pas produire moins de vingt-quatre bateaux de fascines et de bûches qui se vendent dans la forêt sans aucun frais d'exploitation à 0,50 F la pesée de 164 kg, chaque bateau étant évalué à 100 pesées cet article doit produire par an :
1200,00 F
          Un marché généralement adopté par les troupes, alloue au propriétaire un centime par jour et par chaque homme pour la permission de couper le bois de chauffage, et comme la garnison dans ces derniers temps n'était point au-dessous de 500 hommes cet article produit :
1825,00 F
          Les munitionnaires paient au propriétaire de 2,50 F le cent de fascines pour le chauffage des fours et comme leur consommation est de 50 fascines par jour cet article donne le produit de :
456,25 F
          Le revenu de Porquerolles monte donc en ce moment à :
4048,25 F

          Il est à noter que les fermiers ont toujours été découragés par l'instabilité et les tracasseries des acquéreurs successifs qui ne visaient qu'a l'enlèvement du bois, qu'une bonne économie rurale rendrait les terres et la forêt susceptible de rendement 3 ou 4 fois plus élevé, puis que les plantes céréales rendent de 10 à 14 %, que le terreau provenant des arbustes produit d'excellents légumes, que des figuiers et des oliviers, devenus sauvages prouvent la bonté des sols pour toutes les plantations. J'estime que la vallée de Notre Dame peut être cultivée de grains sur 120 hectares à défricher. Celle de Porquerolles peut l'être sur une surface de 72 et celles du Langoustier sur 8 ; en tout 200 hectares de terres arables. Une plus grande surface de coteaux serait susceptible de recevoir des vignes, des oliviers et des figuiers qu'on y voyait autrefois et dont il reste encore des sauvageons. Les sommets des collines peuvent fournir du bois de chauffage et nourrir 400 chèvres mais ne sont nullement propre aux pâturages d'autres bestiaux.
          On croit d'après deux années d'expériences infructueuses que la culture du coton n'y réussira qu'imparfaitement, faute d'arrosage, les coques n'atteignent que difficilement le degré de maturité qui les fait s'ouvrir au soleil.
          La betterave pourrait y réussir assez bien.
          Une fontaine, ferrugineuse et quelques échantillons de minerai font croire qu'on trouverait du fer au cap des Mèdes
          Il y a quelques lapins et des cailles dans la saison de leur passage.


La notice donne ensuite l'évaluation de Port Cros


Source : Service Historique de la Marine de Toulon - Cote 4B1 3 n°23