Les Chemins de Porquerolles

Un choix de textes sur l'île de Porquerolles




Le Marquisat des îles d'Or, 1531

Extrait de : Bertrand d'Ornezan, Marquis des îles d'Or
Jean Vuillet Toulon 1939-1941
Pages 61 62 63



          En 1531, François 1er entreprit la construction d'un fort dans l'île de Porquerolles, d'où l'on dut tout d'abord chasser les Maures, Puis il fit don de la seigneurie de Bréganson à Bertrand d'Ornezan, et le nomma capitaine du fort qui s'y trouvait déjà, à charge d'en assurer la défense par terre et par mer par ses propres moyens.
          En même temps, par lettres données à Fontainebleau en juillet 1531, il érigea en Marquisat des îles d'Or, les îles Bagaud, Port Cros et l'Île du Levant , qui depuis longtemps étaient le repaire favori des pirates, et les donna au même seigneur, gratifié au surplus de la vice-amirauté de Provence, par lettre du 17 du même mois, sur la proposition de l'amiral, comte de Tende.
          J'emprunte à l'étude de Joseph Fournier, Le Marquisat des îles d'Or, les passages suivants des lettres d'érection :
         « Comme nous en avons été dûment informé et assuré que, en notre dit pays de Provence, nous avons, entre autres, trois îles près et contiguës les unes des autres, nous appartenant, appelées les îles d'Hyères, situées et sises devant les villes d'Hyères, Bréganson, Bormes, au diocèse de Toulon ; lesquelles îles ne sont pas seulement inutiles et nulle de valeur et profit, mais très préjudiciables et dommageables à nous et à la chose publique de nos dits pays parce que c'est le repos et le refuge des galères, fustes, brigandins et autres navires de pirates maures, turcs et ennemis de notre sainte foi catholique, et aussi de nos autres ennemis, en temps de guerre et d'hostilités, lesquels navires des infidèles viennent descendre en ces dites îles pour les tenir et renouveler l'eau et autres choses à eux nécessaires, en attendant que passe en cet endroit des navires de nos sujets et d'autres marchands chrétiens, pour se jeter dessus et les piller, prendre et détrousser, et pareillement pour faire des descentes dans les villages et bourgades de notre pays et comté, quand ils voient le temps propice et ils prennent et enlèvent hommes, femmes et enfants nos sujets, et les emmènent prisonniers en leur pays, et après les vendent et les transportent à des gens qui les tiennent esclaves et les font vivre en grande pauvreté, misère et calamité le reste de leur vie, et font renier la foi au très grand déshonneur et scandale de notre dite foi catholique et à notre très grand regret et déplaisir.
          Désirant de tout notre coeur y mettre et donner ordre, faisons savoir que nous, considérant cela, et que nous ne saurions plus convenablement mettre les dites îles en main de personnages plus approprié et qu'il n'y a pas de meilleur moyen pour faire mettre en labour, nature et valeur ces îles, et aussi en défense pour obvier aux décentes des dits infidèles et ennemis, garder et conserver les dits habitants et demeurant en icelles, que fera notre ami et féal Bertrand d'Ornezan, chevalier et baron de Saint Blancard... Ayant regard aux bons, vertueux, agréables et très recommandables qu'il a fait depuis 33 ans... à icelui Baron de Saint Blancard... donnons les trois îles d'Hyères, leurs appartenances et dépendances, ainsi qu'ils se comportent et poursuivent, la première appelée l'île de Bageau, confrontant devers le Ponant avec l'île de Porquerolles ; la seconde devers le Levant, appelée Port Cros, et du coté devers le Levant, il y a un autre port appelé Porto Magno, et la tierce est appelée l'île du Levant, où est situé un port appelé le Titoul et dure jusqu'à un petit rocher appelé l'Esquilhade et qui est devant le soleil levant, et du côté de la terre ferme... lesquelles îles nous avons crées et érigées, créons et érigeons en titre de Marquisat et voulons dorénavant qu'elles soient nommées les îles d'Or. »
                   (d'après Joseph Fournier : Le Marquisat des îles d'Or ; Bulletin de géographie historique et descriptive, 1905)
          La donation était faite à Bertrand d'Ornesan, à ses héritiers et à ses successeurs, moyennant la cens annuelle de 10 mailles d'or de France et la remise de 10 mailles d'or de France et la remise à chaque mutation de seigneur d'un faucon portant sonnettes d'or et vervelles aux armes de France, ainsi que le chaperon de soie, et au bas des longes les armes du marquis des îles d'or.
          En outre, le Roi mettait à charge du bénéficiaire les dépenses de fortifications et autres, Il se réservait, pour lui et le gouverneur de Provence, le droit de pénétrer librement et sans armes, dans la forteresse à construire, dont le coût devait être au moins 50000 écus.