Les Chemins de Porquerolles

Un choix de textes sur l'île de Porquerolles


Chroniques de Porquerolles : 1508-1536

Extraits de "l'Histoire journalière" d'Honorat de Valbelle.


          Honorat de VALBELLE, un notable de Marseille, (il était apothicaire) a durant 40 ans écrit un journal où il relate, en provençal, tout ce qu'il voyait et entendait et qui lui paraissait intéressant. Cette « Histoire Journalière (1498-1539) », primitivement sous forme manuscrite et conservée à la bibliothèque de Carpentras, a été publiée en 1985 par l'Université de Provence sous forme de deux volumes, le premier consacré à la traduction française et le second au texte provençal et à de nombreuses notes dues à Victor Louis BOURILLY, Pierre BERTAS, Charles ROSTAING,, Roger DUCHENE, Lucien GAILLARD. Nous avons extrait les principaux passages, relatifs à des événements qui se sont déroulés aux îles d'Hyères pendant cette période, le classement est chronologique, comme dans l'« Histoire Journalière »

1508
p 21
« En l'an 1508 de la nativité, un dimanche de février, mourut à Aix Palamède de FORBIN, seigneur de Solliés, et on l'ensevelit au couvent de l'Observance de cette ville. Que Dieu dans sa miséricorde, lui pardonne ses péchés ! Il fut un homme de grand sens et d'autorité, comme doivent l'être le Gouverneur de Provence et tous les hommes très éminents. »
          Palamède de FORBIN avait acheté Porquerolles en 1585. Il l'a donné ensuite à son fils Louis

1519
P 89
          « La même année (1519), Monsieur de Sollier fit reconstruire la forteresse de Porquerolles, dans les îles d’Hyères, pour empêcher que les Maures n’y viennent comme ils en avaient l’habitude. Sachez que pendant que l’on bâtissait cette forteresse, les Maures s’emparèrent d’une barque pleine de carriers qui étaient allés charger des pierres et les emmenèrent en Barbarie ce qui fut une grande perte... »
          Au mois de mai de cette année, 24 fustes et une galère bâtarde ornées de Turcs et de Maures arrivèrent aux îles d’Hyères et trouvèrent à quai des navires chargés de sel, ils y mirent le feu et les incendièrent. Pendant qu’ils étaient dans ces îles, arrivèrent, venant du Ponant, 3 nefs bien équipées ; les fustes les attaquèrent et s’en emparèrent. Elles étaient chargées de bonnes marchandises. Ne croyez pas qu’ils les prirent aisément. Si l’on en croit la rumeur publique, ils ne se rendirent point avant d’avoir presque tous péri et, comme vous pouvez le penser, ceux des fustes ne furent point épargnés. Cela fait, les fustes apprirent qu’arrivait, venant d’Espagne, une grosse caraque génoise bourrée de marchandises. Sitôt averties, elles partirent à sa recherche ...elles l’attaquèrent de tous les côtés de telle sorte que n'eut été l’aide du vent, elle aurait été en grand danger d’être capturée. Après cela, la caraque arriva aux îles de Marseille, assez mal en point, car les Turcs lui avaient brisé le gouvernail, déchiré les voiles et blessé beaucoup de monde.
          Il est à noter que. lorsque ces fustes s’emparèrent de ces nefs, comme vous venez de 1‘apprendre, elles y prirent deux chrétiens, un enfant et un Catalan. Ils leur coupèrent la main droite, les oreilles, le nez et ils leur tracèrent une croix au milieu du front, puis ils leur dirent : « Allez vous montrer à vos rois chrétiens ; dites leur que voila la croisade qu’ils ont proclamée ! »
          Pour contrer le Grand Turc qui venait de s'emparer de la Syrie, les princes chrétiens et le pape avaient décidé d'une croisade en 1517, elle fut proclamée à Marseille le 28 mars 1517, mais il n'y eut pas de suites.
          Le dernier paragraphe a été rajouté au manuscrit primitif, il n'est peut être pas de la main de Valbelle.


1524
P 118
          « Le 20 juin 1524, l'escadre quitta les îles de Marseille. Elle comptait 30 voiles, tant latines que carrées qui, toutes déployées pour le départ, offraient un beau spectacle. Leur Capitaine Général est Monsieur l'amiral de La Fayette et, d'après ce que l'on dit, elles vont rencontrer l'escadre qu'ont armée les Gênois et les Espagnols, laquelle comptait 25 à 30 voiles et 18 galères, le reste étant constitué par des galions et des caraques. Dieu leur donne la grâce de faire mieux que d'habitude ! Je note qu'après le départ de notre escadre et, alors qu'elle se trouvait dans la rade d'Hyères, les navires s'arrêtèrent pour s'approvisionner en bois... »
          C'était plus simple et plus logique que d'amener le bois à Marseille pour l'embarquer ensuite.
          Cette escadre ne rencontra celle de l'ennemi du moment, Monsieur de Bourbon que le 7 juillet mais elle l'empêcha de débarquer en Provence du matériel de siège et lui coula 3 galères mais...


P 121
          « Le 15 juillet de la même année, alors que notre escadre mouillait au cap Saint-Hospice, une nef appelée « La petite maîtresse » commença à faire eau. On décida de l'envoyer à Marseille pour la radouber, et, tandis qu'elle traversait la rade d'Hyères, les 14 galères espagnoles et génoises qui étaient aux îles pour attendre le gros galion de Servian que l'on envoyait secourir l'escadre, la virent arriver et la petite maîtresse vint tomber entre leurs mains. Quand les hommes de l'équipage de cette nef virent qu'ils ne pouvaient point fuir, ils accostèrent et s'enfuirent. Les gens des galères prirent la nef, et voyant qu'ils ne pouvaient s'en servir, ils y mirent le feu et la brûlèrent, et c'est ainsi que se perdit cette nef.
          Au mois de juillet de la même année, Monsieur de Bourbon franchit le Var et s'empara de Saint-Laurent, Villeneuve, Cagnes, Antibes, Grasse et de tout le terroir... Je note qu'il s'empara de toute la Provence jusqu'à Marseille et qu'il ne se trouva ni villes, ni villages qui ne se rendirent, sauf Brégançon, la tour de Toulon et Cassis qui résistèrent. Dieu veuille qu'ils puissent tenir !»
          Marseille fut assiégée du début août à la fin septembre, sans succès, les assaillants sont repartis en Italie, poursuivis par François 1er, mais le vendredi 24 février 1525, ce fut la défaite de Pavie et le roi fut fait prisonnier.
          Le roi a été transféré par mer en Espagne, six galères françaises, en otage, peintes en noir car le roi était en deuil de son épouse la reine Claude, garnies de soldats espagnols , étaient du voyage, il y eut une escale en rade de Toulon, mais pas à Marseille car il y avait la peste. Mais cela ne mettait pas fin à la piraterie habituelle...


1525
P 148
          Le 12 juillet de la même année, aux îles d'Hyères ; le capitaine André Doria avec 5 galères et quelques brigantins trouva 3 galères des Hospitaliers de Rhodes, 2 du pape et quelques brigantins. Il les assaillit et finit par s'en rendre maître. Ceci fait, Doria se mit à la recherche des galères où il pensait trouver Monsieur de Bourbon comme on le lui avait indiqué à Gênes, mais on l'avait trompé car il ne le trouva point.
Andréa Doria passa au service de Charles-Quint en juillet 1528

1528
P 186
          « la même année(1528), vers la fin mai, les galères du baron firent une excursion aux îles d'Hières. Elles y trouvèrent quelques fustes mauresques et en prirent une. »
          il s'agit d'une expédition du baron de Saint-Blancart. Ce dernier en donne un compte rendu plus précis dans une lettre adressée à Montmorency de Marseille :
          « En attendant la venue de Monseigneur de Barbezieux, nous avons été averti, qu'aux îles d'Hières il y avait quelques fustes de Turcs, lesquelles avaient assiégées tout le pays. Nous y sommes allés et en avons trouvé neuf, auxquelles nous avons donné grosse chasse jusqu'à quatre heures du matin, et leur avons fait jeter en mer toute leur artillerie et autre chose pour mieux fuir, il n'a été possible que d'en prendre qu'une, qu'une de vos galères a prise, car si ce n'est le mauvais rapport que nous fit une de nos frégates, nous les aurions prises toutes les neuf... »
         
Conservé au Musée Condé (Chantilly) L. Vol VII, f 38

1529
P 195
          « Au mois de janvier 1529 Antonietto Doria perdit une de ses galères dans les îles d'Hyères et selon la rumeur publique, c'est volontairement que le comite la perdit et il l'a presque avoué en s'enfuyant à Gênes. C'était un génois et il n 'a pas agi autrement qu'ils n'en ont l'habitude. En vérité, tout l'équipage et l'artillerie furent sauvés et l'on ne perdit que le corps de la galère ainsi que quelques esclaves et autres forçats qui s'enfuirent. »
          Une des nombreuses épaves de galères que l'on peut rechercher autour des îles !

P 201
          « Le lundi 2 août de la même année, on vit passer l'escadre du Roi d'Espagne, Empereur élu. Elle comprenait 27 galères, 80 nefs, et plusieurs autres navires. Nous la vîmes passer ce jour là, mais l'escadre ne s'arrêta pas dans notre port mais poursuivit sa route vers Gènes, sauf environ 25 galères qui s'arrêtèrent aux îles d'Hières. Selon la rumeur publique, l'Empereur était sur la galère capitane de Doria. Il débarqua sur les îles et on y dressa sa tente, car on disait qu'il avait craint la mer et qu'il n'avait rien mangé depuis son départ de Barcelone. Ils s'emparèrent de plusieurs barques du pays mais ne leur prirent rien. Lorsque les barques contenaient ce qu'ils voulaient, ils le payaient au-dessus de sa valeur. L'Empereur dormit la une nuit, et le lendemain, suivant les nefs, ils prirent la route de Gènes. L'Empereur débarqua de même à Villefranche d'où il se rendit à Monaco et Monsieur de Monaco lui fit un grand accueil. Il est à noter que 2 nefs s'en allèrent par le travers à cause du mauvais temps ; de l'une personne ne put réchapper, dans l'autre, tous se sauvèrent. 
         » L'escadre était partie de Barcelone le 28 juillet, le 2 août elle passait devant Marseille pour arriver le 7 août à Savone. On peut supposer qu'elle a fait le trajet jusqu'aux îles avec un fort vent qui a donné le mal de mer à Charles Quint. As t'il dormi à Porquerolles ou à Port Cros ? A Marseille on avait pris quelques précautions de défense et la flotte française, réfugiée à Toulon et numériquement inférieure, avait regardé passer l'escadre impériale.

1530
P 208
          « Au mois de juin de la même année arrivèrent aux îles d'Hyères 34 fustes de Maures et 12 galères. Ils y restèrent plusieurs jours, descendirent à terre et s'emparèrent de plusieurs chrétiens puis ils firent voile et allèrent à la Napoule Ils y débarquèrent et l'attaquèrent, après plusieurs assauts ils y pénétrèrent et prirent hommes, femmes et enfants. La forteresse seule ne fut pas prise et c'est ainsi que plusieurs purent être sauvés. Cela fait, ils mirent le feu et ce fut un grand dommage pour les pauvres chrétiens. En vérité on ne peut pas rester indifférent à tout cela quand on voit, dans le rapport qui en fut fait à Monsieur le lieutenant, qu'il y mourut plus de cent Maures et Turcs et qu'il y eut un grand nombre de blessés.
          Cela fait, on vit venir 3 nefs qui arrivaient du Levant. Il y en avait une de Gènes et les deux autres appartenaient au Portugal. Les deux premières furent capturées mais la troisième lutta plus de deux heures et s'ils ne lui avaient pas rompu le mat, ils auraient mis beaucoup plus de temps pour la prendre. Selon la rumeur publique, elle avait 500 hommes à bord qui tous furent tués. Le malheur cependant ne fut point d'un seul côté car Maures et Turcs en eurent leur part et, après le combat, plusieurs de ceux qui allèrent aux îles y trouvèrent des tombes et des quantités de cadavres. Voilà pourquoi je dis que tous le désastre ne fut point du même côté. Cette nef appartenait à Gênes, elle avait un équipage de Gênais, et allait apporter du secours à André Doria qui était en Barbarie comme vous l'avez appris. Elles lui apportaient des hommes, de l'argent, des munitions et tout fut entièrement perdu. »

1531
P 220
          Cette année là, et environ à la même époque (début août), des fustes mauresques parcoururent tout le terroir entre Toulon et Hyères. Ils poussèrent jusqu'à La Valette où ils prirent des gens, des hommes, des femmes et des enfants et vinrent aux portes de Toulon, où ils s'offrirent un festin à la grande honte de la chrétienté et de la France en particulier.

1536
P 285
          La même année, le jour de la Saint Jacques, le 25 juillet, l'Empereur passa le Var avec toutes ses forces et vint se loger près de Grasse. Son escadre qui comptait 100 voiles tant latines que carrées vint à Antibes, Cannes, La Napoule, et s'empara de tout le rivage jusqu'à Hyères. Sur cette frontière, où étaient déjà Monsieur le Sénéchal et plusieurs autres, le Roi envoya Monsieur de Mas et Monsieur de Mollos, viguier de Marseille. Ils allèrent jusqu'à Grasse, Draguignan, Fréjus et les environs qu'ils ravagèrent, brûlant les blés, répandant le vin, l'huile et détruisant toutes les pâtures afin que, dans tout le pays, l'empereur ne trouve aucune nourriture....
P 286
          A cette époque, partirent 12 galères armées, 4 du Baron, 4 du Grand-Maitre, 2 du capitaine Magalon, et 2 de Monsieur le Sénéchal, avec comme capitaine Monsieur le Baron, Magalon et Montivilliers. Au large de la Catalogne, ceux ci prirent une nef à deux mâts chargée de quartiers de thon, d'anchois et de drap. Ils y trouvèrent deux pièces de bronze et une certaine quantité de poudre qu'elle portait à l'empereur. Tout cela arriva à Marseille et, selon la rumeur publique, il y en avait bien pour 30000 écus.

P 299
          Le 4 octobre, les galères de Doria et d'Espagne arrivèrent aux îles d'Hyères et, jusqu'à Six fours et Sanary, elles tenaient toute la rade. Selon la rumeur publique, il y en avait 40 ou 36, sans compter les frégates. L'opinion générale est qu'elles rôdent ainsi en attendant les douze notre qui sont dans les eaux espagnoles. Dieu les garde de tomber en leurs mains. Selon ce qu'a rapporté le courrier, ces galères d'Espagne ont détruit Sanary par la faute de ses habitants. Lâchement ils rendirent leur ville. Tous furent mis de force aux galères, sauf ceux qui purent se racheter...

P 300
          Aussitôt que Jean Gipon (surnom péjoratif donné à Charles Quint) eut franchi le Var et qu'il fut arrivé à Nice, il passa en revue ses troupes et, tout bien compté, il s'aperçut qu'il lui manquait 25000 hommes, la plupart des lansquenets ; Il renvoya chez eux les Italiens et ne garda avec lui que les Espagnols dont il renvoya une partie avec ses galères qui quittèrent la Provence le 13 octobre et mirent le cap sur l'Espagne en emmenant beaucoup de prisonniers provençaux.
          Le 15 octobre, arrivèrent les 12 galères parties d'ici comme on vous l'avait dit ci-dessus, elles amenaient avec elles quatre galiotes et une galère turque et leur venue réjouit tout un chacun....
          A la même époque, après que Jean Gipon eut passé le Var,...il prit les galères de Doria et celles qu'il avait à Naples et en Sicile, au nombre d'environ 28, et il se décida à prendre la route d'Espagne, mais il s'éleva un tel mauvais temps qu'il resta près de quinze jours très malade aux îles d'Hyères. Je vous assure qu'il n'était guère plaint des Provençaux, et non sans raison, vu les grands maux qu'ils leur avait occasionnés. Chacun priait Dieu de le faire victime d'une méchante noyade ; finalement, le 4 décembre, il mit à la voile et prit la route de Barcelone.

          L' Histoire Journalière s'arrête brusquement en Août 1539, date probable de la mort de son auteur. Les historiens de la Provence ont trouvé là une mine de renseignements sur la première moitié du 16eme siècle. Mais on ne peut pas quitter Valbelle sans donner quelques aphorismes, incantations et proverbes qui parsèment sa chronique et lui donne un charme particulier.

Qui naysse triste, mais non garisse, et qui naysse sopo, mais non andara drecto
Celui qui naît triste n'en guérit jamais, et qui naît boiteux, n'ira jamais droit.

Usanso de la guerro es perdre et gasanhar. Diéu per sa missericordia mande bona pas !
La loi de la guerre, c'est de perdre ou de gagner. Que Dieu , dans sa miséricorde, nous donne la bonne paix !

Diéu vuelha que après la trevo vengo la pas !
Dieu veuille que la paix succéde à la trêve

Car si et oc d'accord foron mes
Car ceux qui disent si et ceux qui disent oc, jamais ne furent d'accord.

Qui convoite plus qu'il ne doit, sa convoytisse le dessoet
(en français dans le texte de Valbelle)
Qui convoite plus qu'il ne doit, sa convoitise le déçoit

Qui en un anno se vol far riquo, en sieys messes empico
(en italien dans le texte de Vabelle)
Qui veut être riche en un an, en six mois se pend

Ung bon maynagier engrausso ung porc et cant ves que es gras lo tuo
Le bon fermier engraisse le porc et quand il voit qu'il est gras il le tue

Qui de gallino naysso, per naturo grato
Celui qui naît poule, d'instinct gratte le sol

La honte justisso non a que lo nom , lo senhor non a point bon renon
Là où la justice n'est qu'un nom le seigneur n'a point bon renon.

Mais lo es dit que l'aze porto tojort lo bast.
Mais il est dit que l'âne porte toujours le bât.

Cascun vol aver la bello filho , l'aura qui Dieu vodra.
Chacun veut posséder la belle fille, l'aura qui Dieu voudra.

Es ben veray que la justisso mollo fa la gent follo et la honte la justisso non a que lo nom, lo servitor a paus de renon
il est bien vrai que justice molle, le peuple affole et là où la justice n 'est que nom, le juge a peu renom.

Mais ancaros val mais tart que jamais !
Mais mieux vaut tard que jamais !

Jeu diray ung mot en bon provensal : Fay so que tu deves et avengo que porra.
En bon provençal, je conclurai d'un mot : Fais ce que dois, advienne que pourra.

 Histoire journalière d'Honorat de Valbelle (1498-1539),
texte provençal, traduction française et notes, 335 et 622 pages.
Publications de l'Université de Provence, 1985.
Ouvrage collectif sous la direction de Roger Duchêne,
à partir de travaux de V. L. Bourrilly,
en collaboration avec L. Gaillard et Ch. Rostaing.