Carte de PHELYPEAUX 1693
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Présentation de la carte
Cette carte fait partie d'un ouvrage, conservé au service historique de la Marine qui regroupe les plans des fortifications des cotes de France à la fin du 17eme siècle. Sur la reliure on trouve les armoiries de Phélypeau de Pontchartrain, Secrétaire d'État à la Marine de 1690 à 1699. Il fut successivement connu sous les noms de : marquis de Phélypeaux (1667), comte de Maurepas (1687), comte de Pontchartrain (1699), lorsqu'il devint Chancelier et Garde des Sceaux. . Il avait succédé à ce poste au Marquis de Seignelay et son fils Jérôme lui succéda à son tour et resta ministre de la marine à l'époque la plus critique du long règne de Louis XIV, de septembre 1699 à septembre 1715.
Cet ouvrage n'est pas daté, il comprend une soixantaine de plans dont une dizaine de places fortes de la Provence.
L'Ile de Porquerolles apparaît sous une forme assez étrange : Le dessin de l'Île laisse fort à désirer, on retrouve bien les plaines et les zones montagneuses, très séparées car représentées par deux « textures » différentes, les plaines sont divisées en champs qui donnent l'impression de zones cultivées mais le dessin est arbitraire ; il en va de même pour les zones montagneuses , les vallées ou les collines, représentées avec un soucis esthétique certain, n'ont aucune signification précise, comme l'on peut facilement s'en rendre compte en comparant avec une carte actuelle. Les caps, qui ressemblent à des griffes, donnent un aspect redoutable à l'île, mais leur position est quelque peu farfelue.
Malgré son imprécision cette carte fournit de précieux renseignements :
-Le plan des forts, qui sont repris dans un cartouche, la tour de Lalicast, le chasteau de Porquerolle, le Grand et le petit Langoustier ; Ces forts devaient être en activité ou gardiennés car ceux de Ribaudas et du Pradeau (Tour Fondue) n'apparaissent pas dans le recueil ( ils auraient été nécessairement signalés s'ils avaient été en état de défense)
-Une zone maraîchère, symbolisée par un jardin « à la Française » située à l'est de la Garonne et une plantation d'arbres, probablement des oliviers, là où se trouve l'oliveraie actuelle
-Des cultures dans toutes les plaines et peu d'arbres dans les régions montagneuses (la carte de Port Cros, relevée en même temps que celle de Porquerolles paraît plus riche en forêts)
-Et surtout des constructions et des chemins qui nous permettrons de retrouver sur le terrain, ceux utilisés à la fin du 17eme siècle. C'est la plus ancienne carte avec des chemins représentés.
Datation de la carte
L'ouvrage n'est pas daté mais on trouve à la place de la carte de Cette (Sète), un petit feuillet, pris dans la reliure, qui indique que le plan de la ville de Cette à été envoyé à la cour le 11 août 1703, il n'est jamais revenu et l'ensemble des cartes a du être relié peu après. Le relevé des cartes est donc nettement antérieur à cette date.
Les plans de Porquerolles, de port Cros ou de Brégançon ne nous donnent pas d'éléments de datation, par contre celui de Toulon est très instructif : on y trouve l'Arsenal tel qu'il devait être lors de son inauguration en 1792 ainsi qu'une liste très complète des bâtiments construits. La carte va jusqu'à l'emplacement du fort Saint Louis, la cote sort du cadre à cet endroit, mais le fort, construit entre 1795 et 1798 n'y est pas figuré. Nous avons donc comme fourchette de datation, pour le Port de Toulon et pour les autres relevés des îles d'Hyères, manifestement de la même main : 1792 1795.
On peut préciser cette datation grâce à un plan de Toulon de Nicolas de Fer daté de 1695 de la bibliothèque de Venise,. Il est très proche du plan de Phélipeaux mais il est un peu plus tardif : En comparant les deux plans, on constate que l'entrée de la nouvelle darse est terminée sur la carte de 1695, elle est maintenant en entonnoir avec un passage guère plus grand qu'un navire, des quais extérieurs ont été rajoutés sur la gauche et l'espace lagunaire situé à droite du port est en partie comblé et construit.
Tous ces éléments nous conduisent à dater de 1693 les cartes de Toulon, de Porquerolles et de Port Cros, soit une cinquantaine d'années après l'achèvement des forts de l'Alycastre du Grand et Petit Langoustier. Il y a donc une bonne probabilité de pouvoir déduire de la carte, le tracé des chemins datant de la construction des forts.
On trouve également dans l'Album de Phélipeaux, une carte de l'ile de Port Cros et de ses forts ; l'Ile du Levant, dépourvue de fortifications, n'est pas représentée.
Les illustrations sont extraites de l'Album de Phélipeaux déposé au Service Historique de la Marine.(DR)