Cette randonnée est atypique : c'est la seule qui ne démarre pas du village, il faut faire 3km, depuis le port, à pied ou en VTT pour rejoindre son point de départ, : le Parking-Belvédère qui domine la plage Notre Dame. L'extension de la boucle est relativement restreinte, des aller et retours par le même chemin sont la règle générale. Si une partie de l'itinéraire, la route des Mèdes est fréquentée par de nombreux touristes, le reste de la randonnée se situe dans une zone plutôt déserte, qui ne s'est ouverte que récemment aux visiteurs car il s'agissait d'un territoire militaire . Cette zone sauvage n'a pas été aménagée par le Parc comme le restant de l'île, Les anciens chemins militaires son en bon état mais des sentiers qu'il faut emprunter pour aller voir des zones intéressantes sont quelquefois aléatoires et difficiles. Il faut être vigilant sur la signalisation : des petits cairns édifiés par des randonneurs, et avoir une carte à jour (Pour l'instant seule la carte OpenSteetMap est complète sur cette zone). L'itinéraire fait 9 km de long, 15 km depuis le village, il faut compter 5 heures au total pour un randonneur à pied, un peu plus de 4 heures si l'on rejoint le début de la boucle en VTT.
La plage Notre Dame
La plage Notre Dame a désignée plus belle plage d'Europe par l'organisation européenne de promotion de la culture et du tourisme en Europe European Best Destinations en 2015
Le palmarès, établi en partenariat avec plus de 158 offices de tourisme européens met en compétition plus de 280 plages sélectionnées sur l'ensemble de l'Europe.
Quinze ont été retenues par un panel de voyageurs européens qui a placé la plage Notre Dame à Porquerolles en première position, en soulignant "sa nature préservée, la qualité de l'eau, de la faune et de la flore et ses magnifiques forêts de pins".
La plage Notre Dame est donc élue plus belle plage d'Europe, devant la plage de Navagio en Grèce et la plage Zlatni en Coatie.
Un escalier descend du Belvédère vers la plage Notre Dame, c'est la plus belle plage de l'île et elle est moins fréquentée en été que les autres, un petit kilomètre à parcourir sur un sable superbe. Vers le milieu on aperçoit quelques roseaux et un espace dégagé : il y eut ici en 2002 un incendie, provoqué par un promeneur qui a jeté un mégot mal éteint, les estivants sur place n'ont rien pu faire à cause du mistral et de la végétation inextricable du ruisseau qui se trouve là, quelques largages de Canadair et l'intervention rapide des pompiers de l'île ont rapidement eu raison de cet incendie qui a détruit un hectare environ mais qui aurait pu être beaucoup plus grave si Porquerolles ne disposait pas de moyens anti-incendie conséquents.
C'est précisément sur ce terrain que se trouvait, il y a 2 millénaires, une grande villa gallo -romaine de plus de 40 mètres de façade, face à la mer, il n'en reste plus rien aujourd'hui sauf peut être les traces des fondations. Cette plage a toujours porté le nom de Notre Dame, probablement à cause de l'ancien monastère dont il existe encore quelques traces sur le massif des Mèdes, mais on peut imaginer que ce fut en l'honneur d'un écrivain de la Renaissance : Jean de Nostredame ( le jeune frère du célèbre Nostradamus) qui a raconté la vie d'un ermite de Porquerolles : Le Monge des Iles d'Or » Il a publié en 1575 un ouvrage qui eut beaucoup de sucés : « Les vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux, qui ont floury du temps des comtes de Provence » et sa source bibliographique principale était précisément « le Monge des Îles d'Or » , un moine, jadis troubadour, bibliothécaire du couvent des Iles de Lérins, qui venait régulièrement faire retraite à Porquerolles.
La description de l'île par Jean de Nostredame est assez étonnante: « Depuis longtemps au printemps et à l'automne, il se retirait pour quelques jours accompagné d'un ami religieux amateur de la vertu, dans son petit ermitage aux isles d'Yères (où le monastère avait de longtemps une petite église dépendant de ce dernier). C'est pour cela qu'il fut surnommé « des Isles d'Or ») afin d'écouter le doux et plaisant murmure des petits ruisseaux et fontaines, le chant des oiseaux, contempler la diversité de leurs plumages et les petits animaux tous différents de ceux de la mer, les dessinant d'après nature. Et il en fit un beau recueil, qu'on trouva après sa mort parmi ses livres, dans lequel il avait dépeint de beaux passages, tout le quartier de la plaine, de la mer des Isles d'Yères et des villages qui y sont assis, toutes sortes d'herbes et de plantes les plus exquises, leurs fleurs et leurs fruits, et des arbres qui y croissent naturellement, les bêtes et autres animaux de toutes espèces, la perspective des montagnes, des prairies. et de tous ces champs délicieux, arrosé de belles et claires fontaines, des poissons de la mer, des vaisseaux qui la traversent à pleines voiles, le tout très bien rapporté et pris sur le vif, qu'on pouvait juger que c'était la même chose. » Voilà la description idyllique des iles d'Hyères, qui a prévalu dans la littérature française jusqu'au début du 19ème siècle lorsque des voyageurs, attirés par « le plaisant murmure des petits ruisseaux et fontaines » se demandent quel cataclysme avait frappé l'île et se mettent en douter de la véracité du contenu de l'œuvre de Jean de Nostredame (Dans une digression à venir on explicitera les relations, indirectes, de Jean de Nostredame avec Porquerolles).
Mais reprenons le cours de notre randonnée en allant à l'extrémité est de la plage, puis en escaladant les rochers de la côte ou en rejoignant le chemin parallèle sur une centaine de mètres avant de rejoindre la calanque de la treille facilement repérable grâce à son petit ponton en ruines.
La calanque de la treille et la maison de Pierrot le Fou
C'est une petite anse, parsemée de hauts fonds, qui était pourvue d'une petite jetée dés le début du 18ème siècle, cette anse portait alors le nom de « Port des Petits Bateaux » sur la carte de Cassini, car elle servait de point de débarquement aux annexes des flottes de passage, pour faire aiguade ; le vallon de la treille, que nous remonterons tout à l'heure, possédait une réserve d'eau pour cet usage.
Il y a maintenant les ruines d'un petit débarcadère, qui était en service au début du 20ème siècle et utilisé alors par la garnison militaire. Il était encore utilisé en 1941 1942 par les élèves de l'école de Santé Navale en stage à Porquerolles. (photo extraite de l'ouvrage « les canons de Porquerolles » par Frédéric Saffroy)
Ce vestige est devenu célèbre depuis qu'il a servi de décor à une scène du le film culte de Jean-Luc Godard : « Pierrot le Fou » tourné en 1965 avec JP Belmondo et Anna Karina . Le tournage s'est déroulé principalement sur l'île mais également à Paris,dans le Var, au port de Bormes,, ainsi qu'au Pont de Bompas sur les bords de la Durance. Une petite vidéo : « J'sais pas quoi faire, qu'est-ce que j'peux faire ? » nous replonge dans l'atmosphère du film et nous montre qu'en plus de 50 ans, rien n'a changé ici (et personne ne s'en plaindra!)
En remontant de quelques mètres on trouve « la maison de Pierrot le fou » un ancien bâtiment militaire qui marquait, fin 19ème siècle, l'entrée du périmètre de tir. Vers 1890 le propriétaire de l'île : De Roussen a été exproprié de l'extrémité est de l'île afin de construire un champ de tir pour la marine. Deux piliers en pierre de taille, l'un près de la côte, l'autre dans 10 mètres de fond, appelés « ducs d'albe » étaient surmontés de pylônes d'une cinquantaine de mètres entre lesquels on tendait un filet. Le navire tireur se plaçait à un point précis en se repérant sur les amers bâtis sur la plage d'argent et la Courtade et la trajectographie de l'obus était alors reconstituée grâce à la position du canon et son inclinaison, au point d'impact sur les rochers des Mèdes et au point de passage dans le filet. Ce petit casernement est actuellement abandonné, il a été utilisé par les troupes d'occupation pendant la guerre de 39-45 et l'on peut voir, à l'est un réseau de tranchées encore visible, il y avait là un emplacement d'un canon de 75mm, installé pour défendre la plage.
En remontant vers la route des Mèdes on aperçoit un puis, en fait c'est une citerne qui fut utilisé pour les besoins de la petite garnison stationnée ici et alimentée périodiquement par la retenue d'eau dont nous allons visiter les vestiges.
Donc beaucoup de souvenirs autour de cette calanque, fréquentée assidûment par les marins de 1700 à 1950 et fort opportunément redécouverte par Jean-Luc Godard.
Une dernière précision: d'où vient ce nom calanque de la treille ? On n'imagine pas de la vigne poussant dans ces parages! On peut trouver une explication dans les dictionnaires provençaux: la traille, c'était le câble que l'on tendait au travers d'une rivière, pour pouvoir haler un bac (voir par exemple la définition de traille dans : Lou Trésor dou Félibrige ou Dictionnaire provençal-français de Frédérc Mistral) On peut imaginer qu'une traille ait été jadis été tendue entre les hauts fonts pour guider les annexes qui venaient accoster et faire aiguade, et le mot traille a été francisé en treille.
"Le Barrage des Moines"
Il faut maintenant traverser la route des Mèdes et remonter le petit vallon qui se trouve là puis chercher sur la droite, à une vingtaine de mètres du ruisseau, le chemin qui mène au barrage, souvent obstrué par des chutes d'arbres, ce chemin part de la route mais son entrée n'est pas toujours visible. La distance à parcourir n'est pas considérable, moins de 200m mais avec un dénivelé d'une quarantaine de mètres, sur la fin il faut traverser le ruisseau pour atteindre le barrage par la rive droite. (montée, pente 20%)
On trouve là une ancienne réserve d'eau douce obtenue simplement en barrant le ruisseau par un ouvrage en pierres, avec une âme en terre, ce barrage avait un déversoir habituellement colmaté et il n'y avait qu'à attendre de grosses pluies pour remplir ce bassin qui devait pouvoir contenir plus de 1000 m3 d'eau (les années humides)
Ce barrage est fort bien conservé, il a dû être utilisé jusque vers les années 50, on pouvait voir, au bas du ruisseau la « bonde » : un bloc de cyprès (réputé imputrescible) de 40cmX40cm manifestement destiné à cet usage. ce barrage mesure 35m de long pour 5m au plus haut et environ 3m d'épaisseur. Pour alimenter en eau les bateaux qui venaient faire aiguade, il suffisait de laisser couler l'eau par le ruisseau et de la capter en bas pour faire une fontaine, ou remplir des citernes ou des réservoirs.
Il n'y a pas eu d'études scientifiques pour dater cette construction. Les cartes nous montrent que rien n'est indiqué à cet endroit sur la carte de Phélipaux (1690), qu'il y a une « source » mentionnée sur la carte du Feu d'Assurances datée de 1734, rien n'est signalé sur la carte de Cassini, mais il faut noter la présence dans le voisinage, d'une tuilerie qui avait besoin d'eau pour fonctionner; puis plus rien sur la carte Napoléon ou les suivantes. On peut en déduire une construction contemporaine d'un réarmement de l'île après 1707, date de l'invasion par une flotte anglo-hollandaise, son utilisation en tant qu'aiguade a pu continuer jusqu'à la révolution de 1789 puis sporadiquement par la suite lorsque des troupes étaient stationnées dans les environs.
Cette datation est incertaine et discutable, certains y voient une construction contemporaine du casernement des Mèdes, d'autres au contraire y voient le travail des ermites du Vème siècle qui habitaient sur la montagne des Mèdes, d'où son nom local : Barrage des moines, voire une construction antique.
Le retour est plus facile que l'aller, d'abord l'on descend et ensuite on trouve beaucoup plus facilement le chemin. On va rejoindre la route des Mèdes pour aller visiter la Batterie Basse qui marque l'extrémité de l'île. et qui se trouve à 1200m d'ici.
La batterie basse des Mèdes
Ce chemin a été tracé vers 1795 pour desservir la batterie qui avait été 3 implantée là pour contrôler (très partiellement) la grande passe, il a été refait lors de l'édification du bâtiment actuel, vers 1840 ,régulièrement entretenu jusque vers les années 50 et quasiment abandonné au delà de la carrière que l'on trouve après avoir parcouru 400m,. De cette carrière on a extrait les pierres pour construire les batteries, le village, la jetée du port … Abandonnée depuis la guerre de 39 45, elle a servi de dépotoir et de lieu d'incinération des ordures du village. Depuis que les détritus sont amenées sur le continent, une opération de réhabilitation du site, un peu laborieuse, est engagée.
En continuant la piste, 150 mètres plus loin, un chemin part sur la droite, c'est celui que nous prendrons tout à l'heure pour continuer le périple. Encore 400 mètres de chemin caillouteux et nous arrivons à la batterie basse des Mèdes, abandonnée mais remarquablement conservée.
On pénètre dans la parie militaire par un portique qui s'ouvre dans un mur d'enceinte crénelé et défendu par un petit bastion, le mur d'enceinte monte sur le rocher jusqu'à atteindre une portion infranchissable.
La première batterie installée ici après le départ des anglais, n'a bénéficié que d'aménagements sommaires et c'est surtout à partir de 1840 que des travaux importants ont été entrepris en créant un replat artificiel constituée par un long épaulement faisant face au nord-ouest et se terminant par une plate-forme convexe enveloppant la pointe de l'arête rocheuse. En 1841 l'armement était constitué de 10 canons et de 2 mortiers et un bâtiment à été construit sur 2 niveaux, pour loger les servants, le sous sol étant utilisé comme magasin, Ce cantonnement n'avait pas de caractère défensif.
Nous sommes ici à l'extrémité de l'île, avec une belle vue sur le cap des Mèdes et sur les rochers qui portent encore la trace des tirs qu'ils ont subis. Le rocher en équilibre est l'ancien sommet du récif, décapité par un obus. Sur la carte de Cassini, ce cap s'appelait cap des Meudes et sur des cartes plus anciennes, cap de la meude. L'origine du nom vient du verbe meuder qui, en provençal, signifie : virer de bord avec une voile latine. Les galères qui passaient par là étaient obligées de virer de bord, compte tenu des vents dominants, lors de leur passage dans parages et s'était une opération pénible pour l'équipage. Et voilà pourquoi ce cap sans nom que l'on désignait en quelque sorte par sa destination, est devenu cap des Mèdes.
Pour continuer le périple, il faut prendre le même chemin qu'a l'aller, tourner à gauche au premier chemin que nous allons rencontrer, à 600 mètres environ, chemin qui se transforme vite en sentier qui conduit directement à la batterie haute, mais à mi-chemin nous ferons un détour pour aller sur l'habitat des ermites qui ont hanté ces lieux au 5ème siècle de notre ère.
l'ancien Ermitage
Cet ancien ermitage , un habitat fortifié, est construit sur l'éperon rocheux des Mèdes, son accès principal était situé coté nord il est actuellement enfoui dans la végétation et on accède par une faille côté sud. Depuis la route des Mèdes il faut compter 400 mètres avant de repérer le petit cairn qui marque l'entrée du sentier qui conduit à cette faille, avant, il y a plusieurs départ de sentiers qui conduisent plus ou moins vers la barre rocheuse, l'escalade est possible en suivant la crête, mais il s'agit bien d'escalade (niveau 4) , le sentier indiqué par toute une série de cairn est plus confortable, mais enfoui sous la végétation il ne dépasse pas 1m40 comme hauteur sous barrot!
Une fois arrivé au premier cairn, cinquante mètres après avoir dépassé un sentier qui va vers la carrière, prendre le sentier à gauche sur pratiquement 300 mètres avant d'arriver à un cairn placé contre le rocher, il n'y a plus qu'à escalader (niveau 3 dans l'échelle d'escalade) pour trouver le dernier cairn en haut du rocher que l'on appelle quelquefois du nom pompeux de Montagne des Mèdes.
Ici a vécu, entre les années 420 et 450 une petite communauté de moines ou d'ermites. On était au tout début du développement des monastères et les règles monastiques n'étaient pas figées. Une communauté analogue s'est installée a peu prés en même temps aux îles de Lérins, mais cette dernière a perduré alors que celle de Porquerolles a disparu.
On connais le nom des occupants des lieux : "les saints frères Jovinae, Minerve, Léonce et Théodore des iles Stoechades" car Jean Cassien, fondateur de l'abbaye Saint Victor de Marseille, leur a dédié un recueil de son troisième livre de conférences (Ces conférences sont connues sous le nom de "collations", elles étaient lues aux moines pendant qu'ils prenaient un petit repas : une collation). Théodore est quelquefois appelé : l'abbé des Iles d'Hyères. Il succédera à Saint Léonce comme évèque de Frèjus (433-455).
voila ce que nous dit Jean Pierre Papon dans son Histoire Générale de Provence au sujet de Théodore et de Léonce: "Théodore, abbé des iles Stœcades ou des iles d'Hyeres , ayant été élu vers l'an 433, évêque de Fréjus , eut quelque différent avec l'abbé de Lerins , au sujet de la jurisdiction qu'il prétendait sur les religieux; car cette abbaye dépendait alors de l’évêché de Fréjus. Ce différend fut terminé dans un concile d' Arles, qui borna la jurisdiction de l'évêque, dans l'île , au droit exclusif d'ordonner, de confirmer, de donner le saint chrême , et d'admettre, au m nistere de l'autel, les clercs étrangers.
Saint Leoncee II dût commencer son 'épiscopat vers l'an 460. Il était vraisemblablement abbé des Stoecades , quand il fut contraint de faire servir , au bien général du diocese , des vertus qu’il voulait tenir cachées dans la retraite. Il passa en Allemagne pour y porter la lumière de l'évangile; mais ayant appris que les visigoths étaient entrés en Provence, il vint au secours de son troupeau, Il tomba entre les mains de ces barbares, qui l'envoyèrent prisonnier en Afrique, où il mourut vers la fin de l'année: 481"
les évéques à cette époque étaient volontiers canonisés, ce ne fut pas le cas de Théodore, probablement à cause du différent qu'il eut avec l'abbé de Lérins. Mais si l'on vous demande quel Saint a vécu à Porquerolles, vous avez la réponse : Saint Léonce, deuxième du nom! évèque de Fréjus malgré lui,
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Les fouilles archéologiques menées ici par A. Hesse en 1865 puis par J. P. Brun en 1993 ont permis de dater l'époque d'occupation du site, de relever le plan des vestiges : des murs de protection, de soutènement de terrasses pour la culture et 5 constructions séparées, le plan reproduit ici est extrait de la brochure des Travaux du Centre Archéologique du Var en 1993.
L'entrée se situait à l'ouest du site, entre deux murs qui constituaient une chicane. Près de cette entrée se trouve une construction dont les murs ont été conservés jusqu'à une hauteur de 1m80. On remarquera que les murs de protection sont très visibles sur les photos satellites. Les oliviers que l'on rencontre dans les parages sont des descendants de ceux plantés par les moines il y a plus de 1500 ans.
C'est vraisemblablement sur ce plateau que le botaniste Requien a découvert une renonculacée rare, un pied d'alouette qui ne pousse que sur les iles d'Hyères. Il lui a donné son nom : la dauphinelle de Requien ou Delphinium requienii, et c'est devenu une plante emblématique de l'île. Un siècle après, vers 1900 elle a été retrouvée ici par Jahandiez. Il s'agit d'une plante endémique protégée au niveau national. C'est une herbacée pourvue d'une tige de 1m à 1m50 terminée par une grappe de fleurs bleues violacée, elle fleurit en juin. On a signalé aussi sur l'île une plante extrêmement proche, mais qui est répandue dans tout le bassin méditerranéen: Delphinium staphysagria plus connue sous le nom d'herbe aux poux. Le nom latin « Delphinium » et son dérivé français « dauphinelle » vient de Discoride et décrit la forme du bouton floral, qui ressemblerait au rostre du dauphin.
Ces dauphinelles sont devenues des plantes décoratrices cultivées dans les jardins. Ce sont des végétaux dont les graines sont redoutables : elles renferment plusieurs alcaloîdes diterpéniques : delphinine, delphinioîdine, staphisne et staphisagrine poison violent pour le cœur, l'appareil respiratoire et digestif. Jadis on utilisait une décoction de ces graines pour éliminer les poux et autres parasites, non sans risquer une violente irritation de la peau. Leurs propriétés sont connues depuis la plus haute antiquité, à l'époque pharaonique, on s'en servait déjà pour éliminer les nuisibles, par la suite elles ont aussi eu la réputation d'empêcher les serpents de mordre et les scorpions de piquer!
il faut maintenant rebrousser chemin, retrouver la faille puis reprendre le sentier jusqu'à l'embranchement où nous allons continuer le sentier qui conduit à la batterie haute, il reste 400 mètres à parcourir avant d'atteindre le sommet du Grand mur du Nord qui est un bien curieux édifice!
La Batterie Haute des Mèdes (1932)
Voila ce que l'on peut lire dans la présentation de l'ouvrage : "Les Canons de Porquerolles" de Frédéric Saffoy (Éditions Patrimoine Média)
"Sentinelle abandonnée sur la crête la plus sauvage de l’île de Porquerolles, la batterie haute des Mèdes concentre sur un site exceptionnel et préservé un exemple unique d’ouvrage d’artillerie côtière conçu et réalisé par la Marine française pendant l’entre-deux-guerres pour la défense de la base navale de Toulon. Cette fortification innovante mit en œuvre des procédés architecturaux et techniques pionniers, et constitua un champ d’expérimentations incomparable en matière de camouflage..." . C'est un peintre de la marine : Pierre Gatier, qui avait été nommé responsable du camouflage de cette batterie, "Il y a tellement bien réussi que la Batterie des Mèdes est presque effacé de nos mémoires. Seuls y montent la garde, face au Levant, à l'extème pointe de l'île de Porquerolles, quelques fantômes échappés du rivage des Syrtes ou du désert des Tartares" (Ingénieur Général Georges Debiesse cité par F Saffroy}
Nous sommes ici au Poste de Direction de tir de la Batterie, le sommet de le crête a été arasé puis reconstruit avec un aspect identique, il s'agissait d'une des premières tentatives de camouflage et la photo donne l'allure qu'il avait, à l'époque de sa construction, il a malheureusement subi des dégradations et l'on espère que ce témoin du patrimoine militaire sera un jour entretenu, sauvegardé et classé.
On peut visiter les parties visibles et admirer le point de vue depuis les terrasses, mais attention, les balustrades sont vétustes!
On va continuer la randonnée en empruntant d'anciennes routes militaires, depuis longtemps déclassées mais en bon état, nous longeons le sud de l'arête rocheuse où l'on trouve les entrées des casemates qui desservaient les batteries et les stockages de munitions. Pour visiter il est prudent de se munir d'une lampe électrique! Sur le site de l'AREVPAM : Association de Recherche, Étude et Valorisation du Patrimoine Méditerranéen, on trouvera un diaporama consacré à ces fortifications. Si l'on veut aller plus avant dans l'exploration et la compréhension de cette batterie de défense, caractéristique de la période 1930 1932 il est nécessaire de consulter l'ouvrage de F. Saffroy.
Après avoir parcouru 400 mètres depuis le poste de tir on arrive à l'entrée de cette zone militaire, il reste les panneaux d'interdiction de l'époque, le STCAN est le dernier occupant des lieux. Nous reviendrons ici après être allé a la batterie du Galéasson pour prendre le sentier qui descend en droite ligne vers la plage Notre Dame.
Le fort du Galéasson est à 1000 mètres d'ici [descente pente 12%] toujours en suivant la route militaire, à mi chemin démarre la route d'accés qui fut construite primitivement par les garnisons napoléoniennes vers 1800, améliorée vers 1840 puis en 1929 en prévision des travaux de la batterie haute. Ce chemin rejoint la route des Mèdes après avoir traversé sur 200m environ la propriété privée de Notre Dame, nous ne l'emprunterons pas pour revenir, nous avons encore des découvertes à faire en redescendant par le sentier rectiligne.
le Fort du Galéasson
On va retourner à l'ancienne entrée du terrain militaire, le sentier démarre quelques mètres avant, il est indiqué par un cairn, il est actuellement en bon état. Il faut compter 700m parfaitement rectiligne avant de rejoindre la route des Mêdes [decente pente 15%] Ce sentier est mentionné à partir des cartes de 1896, il a été tracé pour placer une clôture le long du champ de tir qui avait été créé vers 1990 en expropriant l'extrémité est de l'île et utilisé par tous les militaires en garnison à la batterie haute dés qu'ils pouvaient aller se baigner!
Retour par le Puncho Dou Bouon Diou
Ce sentier, fait 700m de long à mi chemin il faut trouver un embranchement à 45° sur la gauche, le petit sentier qui part de là débouche rapidement sur un chemin abandonné remarquable. On peut le voir dessiné sur les cartes de 1896, il permettait alors de rejoindre les Mèdes par l'intérieur de l'Ile. Il a donc été construit avant le chemin littoral que nous avons emprunté, il date probablement de 1750, époque où l'ile a accueilli une compagnie d'invalides (invalides pour combattre mais pas pour les corvées) qui a construit les chemins.
Ce chemin, dans sa solitude, est une petite merveille, personne n'a envie que l'on modifie quoi que ce soit ici! On va le suivre une cinquantaine de mètres après le passage sous la falaise, jusqu'à apercevoir sur la gauche, entre les bruyères arborescentes peu denses dans ces parages, la base des rochers du Puncho,
S'il reste un peu de temps, il faut y aller, en tournant les rochers par la droite jusqu'à trouver un accès commode (niveau 2 dans l'échelle d'escalade, il faut s'aider des mains pour progresser) il ne reste plus qu'à grimper vers le sommet, il y a comme un chemin taillé dans le rocher, pour pouvoir profiter d'un panorama superbe, un des plus beaux de l'île qui en compte tant!
Retour bien entendu par le même chemin, puis fin de la descente vers la route des Mèdes. Il reste alors 1200 mètres à parcourir sur cette route, vers le village, pour retrouver notre point de départ. Une dernière remarque : la route s'éloigne de la côte puis s'en rapproche de nouveau après avoir contourné deux vallons. ces vallons en toute logique auraient dû se prolonger jusqu'au mont des Salins, or on ne constate qu'une faible dépression dans la plaine. Les deux vallons ont été barrés, probablement dès la période romaine, car l'ile disposait alors d'une main d'oeuvre nombreuse (estimation de plus de 500 habitants par les archéologues) et largement mise en cultures. Barrer de tels vallons permettait de disposer d'une réserve d'eau douce précieuse sur l'île et de construire facilement un chemin. Les bassins ainsi créés se sont lentement comblés au cours des siècles et on fini par disparaitre dans le paysage. On trouve dans l'ile plusieurs barrages analogues, tous remplis de limon. La route va passer sur un troisième barrage, sur le ruisseau qui marque l'extrémité de la plage Notre Dame Il subsiste à gauche une petite mare et la carte de 1896 montre l'ancienne route qui traversait à gué une centaine de mètres plus haut sur le cours du ruisseau, et la nouvelle construite sur le barrage récemment édifié. Ce ruisseau était bordé par deux chemins : l'un, qui a subsisté, permet d'atteindre le fort de la Repentance en passant par la Batterie Annexe et la Batterie Nord, il est actuellement fermé (Voie de service, surveillance DFCI), probablement parce que la Batterie Nord de la Repentance abrite en saison les "Casques Verts"; l'autre, qui n'a pas été restauré par 'la Mission", montait en traversée jusqu"au Sémaphore. Encore cent mètres et nous voila au Belvédère qui domine la plage Notre Dame, notre point de départ, il reste 3 km pour rentrer au village.