Les Chemins de Porquerolles

Les Cartes anciennes de l'île

 


Carte des Isles d'Hières 1764
de Jacques-Nicolas BELLIN (1703-1772)



carte de Belin


Cette carte est extraite d'un album dédié aux côtes de France, Il a été réédité récemment par les éditions « Le chasse marée » sous le titre : Atlas maritime des cotes de France, Il constitue constitue un ensemble précieux pour la connaissance des noms de lieux le long des côtes et des mouillages utilisés au 18eme siècle

Biographie de Jacques-Nicolas Bellin

             Jacques-Nicolas Bellin est un cartographe français. Il naît à Paris en 1703 et décède à Versailles en 1772. Comme professionnel de la cartographie, il doit être considéré comme un hydrographe plutôt que comme un géographe. Bellin s'attache plus à la description des côtes, des rades, des ports et des places fortifiées en bordure des océans et des grands cours d'eau. Il donne moins d'importance à la présentation de l'intérieur des continents.

Bellin possède des avantages sur ses devanciers. C'est lui qui est choisi en 1720 comme commis-dessinateur au Dépôt des cartes et plans du ministère de la Marine de France lors de la mise sur pied de ce dernier. « Il nous faut un homme, écrit-on, qui sçache parfaitement les travaux qui sont à faire contre les efforts de la mer, qui soit capable de bien reconnaître nos ports, et de nous faire des cartes de toutes les costes maritimes… »

Bellin est un cartographe de cabinet. Il ne voyage pas. Il analyse, classe et conserve les cartes et les rapports de voyage que les capitaines de navire déposent à leur retour de voyage. Pendant plus de vingt ans, Bellin fait l'apprentissage du métier dans l'ombre et approfondit ses connaissances. Là où les navigateurs ont voyagé beaucoup, comme sur la côte de l'Atlantique Nord (Terre-Neuve, le Cap-Breton, l'Acadie, le golfe Saint-Laurent), le cartographe a une mine d'information à livrer à ses contemporains. En 1741, la reconnaissance arrive, il obtient le titre de premier ingénieur-géographe, « fonction dont il est le premier titulaire en France ».

La notoriété suit de très près cette reconnaissance. En 1742, le ministre de la Marine Maurepas charge Bellin de préparer les cartes devant accompagner la publication de l'Histoire et description de la Nouvelle-France du père Pierre-François-Xavier de Charlevoix. L'honneur est grand. Le mandat lui vient d'un ministre. D'un autre côté, l'auteur de la publication fait autorité : c'est lui que le régent Philippe d'Orléans consulte sur la prétendue mer de l'Ouest et sur le meilleur chemin pour y parvenir. À ce moment, la mer de l'Ouest entretient encore les plus grands espoirs et maintient l'enthousiasme pour des expéditions comme celles des La Vérendrye.

La préparation de cartes pour l'ouvrage de Charlevoix marque le début d'une carrière très prolifique. Par la suite, les cartes publiées redevables aux tracés de Bellin se multiplieront. L'Amérique se retrouvera à plusieurs reprises sur sa table à dessin.

Jacques-Nicolas Bellin se gagne des appuis parmi les grands noms de la cartographie française, entre autres Joseph-Nicolas Delisle, un des membres de la célèbre famille de cartographes Delisle, le fils de Claude, le frère de Guillaume, de même que Philippe Buache, gendre de son frère Guillaume. Joseph-Nicolas Delisle, qui fait en partie carrière comme astronome auprès de la cour de Russie, intervient en 1752 pour faire entrer Bellin dans une société savante étrangère, la Société royale de Londres. La réponse à l'intervention de Delisle, aussi membre de cette Société, ne tarde pas : « Monsieur Bellin Ingénieur de la Marine connu pour les cartes marines qu'il a dressées … par ordre du ministre … nous lui avons donné avec plaisir le présent certificat de l'estime que nous en faisons pour remplir dignement une place dans cette savante compagnie … »

Puis, au début des années 1760, c'est à nouveau le silence. Bellin saisit la chance de perfectionner son art. Il vient de recevoir le mandat du duc de Choiseul, Secrétaire d'État à la Guerre et à la Marine, de cartographier le monde connu. Le cartographe se met à la tâche. Durant trois ans, il prépare le Petit atlas maritime. Cet ouvrage, publié en 1764, constitue un précédent dans l'histoire de la cartographie : il renferme près de 600 cartes et plans de toutes les parties du monde. Le premier volume a trait à l'Amérique septentrionale et aux Antilles; il présente 102 cartes parmi lesquelles 47 décrivent les côtes et les principales villes et places côtières fortifiées du continent nord-américain.

Source : GARANT, Jean-Marc. Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772), cartographe, hydrographe, ingénieur du ministère de la Marine : sa vie, son œuvre, sa valeur historique. Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université de Montréal en vue de l'obtention du grade de maîtrise ès arts (histoire), février 1973.

Descriptif de la carte

             La carte de Porquerolles nous montre une île habitée et cultivée Les relevés ont du être effectués entre 1660 et 1664. On trouve sans surprise le fort du Langoustier et le château de Porquerolles, Le petit langoustier n'est ni nommé ni signalé, la Licastre est signalée simplement d'une croix. Deux « fontaines » (points d'eau) sont indiquées, l'une vers le Langoustier, l'autre vers la plaine de Notre-Dame et l'Aigade est également signalée.

Une construction est signalée dans la plaine de Porquerolles, probablement la métairie du seigneur et des « cabannes » sont indiquées au  « Quartier des Mèdes » que l'on peut situer vers la ferme Notre Dame, ce point de peuplement devait être aussi important que celui au pied du château. .Dans son mémoire de 1771 Millet de Mouville nous indique le changement de Propriétaire de cette zone : « Cette partie dite Notre-Dame a été vendue par M. le chevalier d'Hendicourt, propriétaire d'un quart de la totalité de l'île à M. la Croix de Mairargues lieutenant des vaisseaux du roi, il y a environ huit ans que cette vente est en contestation »

On remarquera la position extravagante de la plaine du Bon Renaud, au niveau des falaises, un bois probablement planté et entretenu, grosso modo situé derrière le village agricole actuel : le bois de Louviers, ce nom ne s'est pas conservé. C'est probablement à cette époque qu'il faut chercher l'origine des chênes que l'on trouve en grand nombre dans ces parages (Voir par exemple le « Bois des Chênes » actuel) Bien entendu, aucun des arbres de ce secteur n'est tricentenaire, car les incendies se sont régulièrement propagés dans ces parages, et les coupes de bois nombreuses au cours des temps. Les arbres actuels sont des rejets ou des replantations. Une grande vigne est indiquée dans la plaine du château, elle est signalée dans le mémoire de Millet de Mouville daté de 1771 déjà cité « Il avait été planté dans cette plaine en 1747 et 1748 trente trois mille pieds de vigne qui avaient très bien réussi et qu'on a négligé et abandonné aux bestiaux, sans aucune culture, au point qu'il n'en reste presque plus. (en 1771). » Dans un mémoire daté de 1755 Milet de Mouville nous précise qu'il y avait alors dans l'Île, trois familles d'agriculteurs habitant vers le village actuel et deux familles à Notre Dame, le seigneur pouvait loger chez lui une vingtaine de personnes. La population civile permanente ne devait pas excéder une quarantaine de personnes sur l'île, mais on devait y trouver des saisonniers : pêcheurs, bûcherons, carriers..

Une vingtaine de zones cotiéres sont baptisées. C'et la plus ancienne carte qui soit aussi riche, la plupart des noms de lieu seront repris dans la carte de Cassini en 1787. On discutera de l'étymologie des avec la présentation de cette carte. On remarquera le nom primitif de la baie actuelle de Port Fay : Port frais, le cap Lequin, la Plage de Notre Dame, les Médes, avec l'ancien nom les Meudes (du verbe meuder : virer de bord avec une voile latine) le Rat, appelé lou ratou sur d'autres cartes, devenu sur les cartes modernes la pointe du gros baou, la Galéasse, devenue anse de la Galère et les iles Sereines avec également un nom probablement plus ancien : les:iles Sergniés. Le cap de bouge, devenu pointe rouge sur les cartes contemporaines, L'oustau de diou, pour la première fois signalé sur une carte se trouve beaucoup plus à l'est que maintenant probablement vers la calanque des salins. On peut supposer qu'il s'agit d'un refuge utilisable par vent d'est sur une côte qui n'en compte pratiquement pas.

On trouve ensuite, sans surprises des noms qui se sont propagés jusqu'à maintenant : la cale longue, la baumelle, la pointe du gabian, le cap d'Armes, qui indique le point de guet principal de la garnison, quand il y en avait une ; sur des cartes précédentes il s'agissait du cap Dormes (Carte de Tralage 1707)

Sur la presqu'île de Giens, le château est également marqué d'une croix et un mouillage pour les galères est indiqué à la plage de la Badine. Les Ribauds sont indiqués sous les noms de Roubau et Roubaudou, Le fort de la Tour Fondue, probablement désaffecté à cette époque, n'est pas mentionné.