Les Chemins de Porquerolles

Cartes de Provence et de la Baie de Hyéres entre 1715 et 1720

Nous sommes, en 1715 au lendemain de la paix d'Utrecht, s'ouvre une période de paix favorable aux développements économiques et au commerce mais catastrophique pour la Royale et l'Arsenal de TOULON, faute de conflits ou de menaces, les forts de Porquerolles seront délaissés

Rappelons que c'est dans le but de mettre fin à la guerre de succession espagnole qui divise l'Europe depuis 1700 entre les partisans de Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, et ceux de Charles d'Autriche, des négociations européennes s'ouvrent à Utrecht, en Hollande. Elles s'achèveront en avril 1713 avec la signature d'un traité entre la France, l'Angleterre, l'Espagne, la Hollande, la Prusse, la Savoie et le Portugal. Philippe d'Anjou montera sur le trône d'Espagne (sous le nom de Philippe V) mais il devra concéder à Charles d'Autriche, Naples, la Toscane, le Milanais, la Sardaigne et la Hollande. La France pour sa part se verra contrainte de renoncer à ses terres d'Acadie au Canada au profit de l'Angleterre.

Nous présentons ci aprés un extrait d'une carte continentale et deux cartes marines des cotes de Provence avec des zooms sur la baie d'Hyéres.

;   Extrait d'une carte de la collection David RUMSEY (dimensions : 48X61cm, ech 1/415000)

Guillaume DELISLE fut le premier cartographe qui sut donner aux grands continents du globe leurs proportions vraies et les représenter à leur véritable place. Il fut reçu à l'Académie des sciences en 1702. II fut choisi pour enseigner la géographie à Louis XV encore enfant, et sut l'y intéresser; ce monarque le récompensa en créant pour lui le titre de premier géographe du roi.
           Dans l'extrait présenté ci dessus on remarque que les positons des iles sont meilleures que sur les cartes de 1707, 1708 mais par contre les contours des côtes se sont un peu déteriorés. Les noms de lieu sont identiques ou très voisins, les trois marquisats sont toujours là, une évolution notable concerne GIENS devenu une ile, la carte suivante postérieure de 3 ans confirme cette insularité provisoire.

   Origine : site "Le coin des cartes anciennes"

Originaire de Saint-Malo, Henri Michelot servit à partir de 1670 sur les galères du Roi, en qualité de pilote hauturier. Il fut également professeur d'hydrographie à Marseille. Il réalisa ses premiers travaux cartographiques dès les premières années du XVIIIe siècle. Souvent associé aux frères Laurent et Jean-André Bremond, également cartographes et professeurs d'hydrographie, il publia avec eux, en 1718, pour la première fois en France, une carte de la Méditerranée en trois feuilles.

Cette carte est d'une excellente facture, à cette époque les hydrographes français rivalisent avec les hollandais. On pourrait se servir de ce "routier" sans être dépaysé. On ne s'étonnera pas de la voir dédiée à Monseigneur le chevalier d'Orléans, fort vénéré chez les gens de la mer, qui venait d'ëtre nommé Général des Galères.
           "La charge de général (des Galères), devenue exclusivement honorifique après la retraite du duc de Vivonne en 1680, est exercée depuis la fin de l'année 1718 par un godelureau de 16 ans Jean Philippe, chevalier d'Orléans, bâtard légitimé du Régent. Ce jeune homme, qui aurait pu se contenter de paraître une fois l'an à Marseille pour recevoir sur la réale les compliments de messieurs les capitaines, puis s'en retourner à la Cour, prend ses fonctions très au sérieux. Il se familiarise avec le "mesnage" des galères, apprend les bases de la navigation et les exercices de commandement. des galériens"
André ZYSBERG : "Les galériens" Editions du Seuil 1987 p 355

On doit à Henry Michelot "Le portulan de la mer Méditerranée, ou Le vray guide des pilotes costiers", paru en 1703 à Marseille puis en 1709 à Amsterdam et un Recueil de Plusieurs Plans de Ports et Rades de la Mer Mediterranée.
           Dans cet extrait qui va du Cap Cicié à Saint Tropez, on ne trouve que peu de noms de lieux, et leur retranscription est souvent déformée, l'Ile de Giens a une forme curieuse. Mais on constate facilement que cette carte est globalement exacte et qu'elle constituait un outil de navigation de bonne qualité.

   Origine : site "Le coin des cartes anciennes"
 

Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville est né à Paris en 1697, il est l'auteur de 211 cartes ou plans et de 78 ouvrages ou mémoires imprimés. Il est reçu en 1754 membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, élu en 1773 à l'Académie des sciences, à la seule place dévolue à la géographie et nommé premier géographe du roi.
           Il a constitué une très importante collection de Cartes et Plans, plus de 4000 du monde entier. La collection, cédée au roi Louis XVI en 1779 est entrée à la Bibliothèque nationale en 1924.

Peu d'évolutions par rapport à la carte précédente, on voit apparaitre le nom de pointe des Badines à l'extrémité est de la presqu'ile de Giens, le Grand et le Petit Sarranier sont redevenus les Sereines. La figuration du relief ajoute un attrait supplémentaire à cette carte.