Cette petite randonnée de 4km, 1h30 environ démarre devant le Jardin "Emmanuel Lopez", Jardin botanique baptisé du nom d'un Directeur du Parc National de Port Cros, 1994-2004, décédé prématurément, qui a laissé un excellent souvenir dans l'île. On lui doit en particulier la mise au point des procédures permettant la rénovation des forts et de celle du moulin, la création du jardin et de la maison du Palmier... * Avant de partir en randonnée, vous pouvez visiter le jardin, riche en plantes méditerranéennes sauvages et naturalisées. Ce jardin a conservé quelques beaux arbres, des tilleuls imposants, qui décoraient il y quasiment un siècle, le jardin de F.J. Fournier qui était situé ici, devant son "hacienda". A la maison du Palmier vous obtiendrez des renseignements sur l'activité du Parc (abréviation pour PNPC, Parc National de Port Cros) qui gère les espaces naturels de l'île, espaces qui devraient prochainement devenir "coeur de Parc". Pour vous documenter sur la flore des Îles d'Hyères, vous trouverez en vente un excellent petit livre : "80 fleurs des îles et du littoral varois" édité par les mini guides nature des parcs nationaux de France. Vous pouvez voir, au dessus de l'accueil, une ouverture semi circulaire, c'est la porte d'entrée et de sortie d'uns colonie de ratapignatas (on patoise quelquefois sur ce site). Ce nom charmant désigne des chauves souris autochtones : les Murins à oreilles échancrées, on ne peut les apercevoir que le soir quand elles partent en chasse, beaucoup d'efforts ont été déployés par le Parc pour sauver cette colonie, lors de la destruction des ruines de la Cave Fournier pour construire la Résidence des Confidences.
On va traverser la place des deux étoiles, il eut été préférable de garder le nom de "Los dos estrellas", baptisée ainsi en souvenir de la mine mexicaine qui fit la fortune de François Joseph FOURNIER. Celui ci, grâce aux revenus de cette mine d'or, acheta l'île en 1912. On va franchir la Garonne, le cours d'eau principal de Porquerolles. En français archaïque "garonne" signifie voie d'eau aménagée par l'homme, c'est le cas ici, le cours primitif a été dévié pour le canaliser vers le village, remplir des retenues d'eau pour l'irrigation et le jardinage et alimenter le lavoir du village. Avant sa déviation, le ruisseau traversait les terrains où sont construits maintenant les résidences des Confidentes et des Palmiers, il se jetait à la mer en formant un "grau", une sorte d'étang relié à la mer par fortes pluies, qui présentait beaucoup de nuisances pour les habitants.
On débouche sur la route de la ferme, coté droit on voit les constructions, maintenant transformées en résidences, qui constituaient les logements du personnel et les étables pour les animaux du domaine agricole. Nous allons maintenant suivre la route de la ferme vers le village, en passant devant le poste de police installé sur le terrain de "la maison du Commandant" Cette résidence fut jadis celle du chef de la garnison de Porquerolles, inoccupée depuis des décennies elle a été rachetée par la municipalité qui va la rénover. Puis nous allons tourner à gauche
pour prendre le Chemin du Langoustier.
A l'emplacement des poubelles sur la droite, il y avait le lavoir, construit par le duc de Vicence, alors qu'il était propriétaire de l'île, il avait été échangé par les autorités militaire en 1878, contre les ruines de la Vigie, qui sont précisément l'objectif de cette mini randonnée, donc restauré à cette époque , alimenté à l'aide d'un système de vannes et de conduites, puis directement dés l'installation de l'eau courante à Porquerolles. Contrairement à ce qui s'est passé dans beaucoup de villages, il n'a pas été conservé et restauré mais démoli il y a une trentaine d'années pour faire place à l'enclos des poubelles que vous pouvez admirer!
On passe ensuite entre d'un côté la résidence des Palmiers dont le style étonne quelque peu, il parait que l'architecte a réutilisé le plan d'une résidence prévue pour l'île de Djerba en Tunisie, >et de l'autre côté la résidence des Confidences au style mieux adapté. ensuite à droite, l'ancien hôtel Miramar, transformé en appartements. Un petit pont permet de traverser le ruisseau du Conservatoire, lui aussi canalisé sur sa partie finale, pour préserver les constructions avoisinantes. On remarquera une petite anomalie, la route va, après le pont, tourner vers la droite, alors que le pont est orienté à gauche, l'explication est simple, quand ce pont, ou son prédécesseur, a été construit, la route principale partait à gauche le long du ruisseau, en direction du Langoustier par l'intérieur, comme indiqué sur la "carte de Cassini", on recoupera cette ancienne route avant de prendre le sentier de la Vigie et on la retrouvera au retour.
On va laisser à droite la "villa Fournier", qui fut au début du siècle la villa du Professeur Cunéo : "La Jacqueline", et à gauche, une série de jardins vendus jadis par la municipalité aux porquerollais, pour arriver à un carrefour avec le chemin des pamplemousses, en souvenir des champs de pamplemousses qui existaient avant. Toute cette zone était cultivée comme en témoignent les photos d'époque.
Continuer tout droit au Carrefour des Pamplemousses.
A droite on longe l'ancienne résidence d'une des filles de F.J. Fournier : Doria et à gauche un bois de mimosas, lui aussi loti entre plusieurs propriétaires, ce bois est un cauchemar pour le Parc à cause du caractère très envahissant des mimosas, le champ coupe feu qui est le long de la route se transforme en 2 ou 3 ans en un champ de pousses vigoureuses de jeunes arbres. En février ce bois est une splendeur. On peut admirer, en mars-avril sur le versant ensoleillé de droite, une orchidée assez rare : l'"Orchis à longues bractées" (Barlia robertiana).
On arrive ensuite à un petit "col" , très modeste, il n'est qu'à quelques mètres d'altitude! mais, placé entre la colline que nous allons gravir et une petite butte côté mer il était un point de passage obligé pour les chemins qui allaient dans cette direction, actuellement nous trouvons ici, la route du Langoustier où nous sommes, la route de contournement qui aboutit ici, ainsi qu'un chemin venant du village et le chemin de la Vigie, que nous allons suivre.
Tournez à gauche
A première vue on dirait le fond d'un ruisseau, avec beaucoup de gravier et de sable rapporté, ici tous les chemins se transforment en ruisseaux après une forte pluie (recevoir plus de 10cm d'eau en 24h n'est pas un phénoméne rare) et s'il y a des alluvions c'est que l'on a essayé de combler les ornières un peu plus haut, il y a un problème avec la tenue des sols rapportés, ces derniers se transforment trop facilement en alluvions.
Ce chemin a été construit par "la mission", avant il n'y avait qu'un sentier, il a été nécessaire d'ouvrir une voie pour la sécurité incendie dans un massif forestier un peu compact. Il est très représentatif des pistes "modernes" construites récemment : plus de 3m de large, entretenu, peu raviné en général, c'est la face civilisée de l'île.
Au bout de 800m, toujours en restant sur une ligne de crête, que l'on ne perçoit pas à cause de la densité de la végétation, on arrive au carrefour d'où part le sentier qui va nous conduire à la Vigie, le chemin que nous avons suivi part à gauche vers le conservatoire, il emprunte un ancien chemin qui conduisait au Langoustier, celui que nous avons signalé en passant le dernier pont, la suite de ce chemin n'a pas été restaurée.
le sentier que nous allons prendre maintenant est un "sentier de chèvres", il monte assez rapidement et l'on progresse le plus souvent sur le rocher, si le parcours parait trop ardu à certains promeneurs, ne pas hésiter à faire demi tour, cela n'ira pas en s'améliorant! Le chemin qui part sur la droite est lui très accueillant et vous conduira sans problèmes jusqu'au chemin du Brégançonnet.
Nous sommes ici, sans transition, dans une partie plus sauvage de l'île, avec une végétation plus basse et plus agressive; si l'on progresse sur le rocher c'est qu'il y a très peu d'humus, vite dégagé par le pas des marcheurs, quand il y a une légère dépression dans le sens de la pente, l'érosion due à la circulation de l'eau en période pluvieuse fait son oeuvre.
Au bout de 300m on croit voir le sommet, ce n'est qu'une illusion, c'est un "sommet" intermédiaire sur la ligne de crêtes. on trouve un beau point de vue sur le village et le port en faisant quelques mètres sur la gauche.
On remarquera une petite borne au sommet, elle marquait une limite de propriété entre M. Bonce à droite et M. Noilly à gauche, cette borne a été posée après l'implantation de la Fabrique de Soude au Langoustier car la vente du terrain pour cette installation en 1826, a conduit à l'époque, à un remaniement des limites entre les deux propriétaires qui se partageaient l'île (ou du moins, de la partie laissée libre par les militaires), d'où cette borne,ainsi qu'une seconde que nous verrons bientôt et d'autres encore conservées dans l'île. Ces limites sont visibles grâce à un coloriage d'époque de la carte 'Napoléon"
Plus qu'une centaine de mètres avant d'arriver aux ruines de la Vigie, une battisse construite par la garnison mise en place par Bonaparte après l'incursion anglaise de 1794. ce fut de 1800 à 1870 l'observatoire principal de Porquerolles, il a été remplacé par le sémaphore, construit à cette époque, La vigie fut alors démantelée et détruite, probablement par explosif, quelques années après. Nous avons déjà dit que le Duc de Vicence avait récupéré cette parcelle avec les ruines de la Vigie en 1878.
Il y avait deux observateurs en permanence pour scruter la mer et pour communiquer avec les navires avec des pavillons, un grand mat était érigé à proximité, à une dizaine de mètres sur le sentier que nous allons prendre pour continuer cette randonnée. il n'est plus là mais la pierre percée qui lui servait de socle y est encore, brisée; d'après Jahandiéz, des Porquerollais l'ont cassée car on leur avait fait croire qu'un trésor y était caché! (le mythe du trésor caché est récurrent sur l'île)
Nous changeons maintenant de chemin et d'époque, nous allons suivre, vers la gauche, le chemin des falaises, il fait partie des voies construites par la compagnie d'invalides qui a été en garnison depuis 1750 environ jusqu'à la Révolution. Ce chemin partait de la Gorge du Loup pour arriver au Langoustier, nous le suivrons sur 600m, il sera parcouru en sens contraire dans une autre randonnée.
La "Mission" a repris le cours primitif du chemin sauf en quelques endroits, probablement pour des raisons de sécurité, où il s'écarte de la crête. Ce chemin est bâti comme tous ceux de cette époque : côté amont le sol ou le roche est entaillé et il n'y a pas de mur de soutènement, inutile ici lorsque la paroi est verticale il y a peu d'érosion; côté aval, un petit mur de soutien en pierres, pour maintenir les déblais du côté opposé et dégager une largeur utile d'environ 1,50m, Actuellement ces murs sont presque partout recouverts par les colluvions, ce qui assure leur longévité! On constatera l'économie des moyens mis en oeuvre, pas de matériaux rapportés sauf pour combler des crevasses, les pierres nécessaires ont été extraites à proximité. Par contre il fallait beaucoup de main d'oeuvre!
Le chemin descend quelque peu, pour arriver sur le haut d'une vallée, nous allons prendre la piste à gauche qui va suivre le vallon pour nous ramener dans la plaine du village. la végétation change, nous sommes maintenant sur le bord d'une parcelle de Chênes, pour la plupart ce sont des rejets de ceux qui étaient là avant l'incendie de 1997, incendie qui a détruit la moitié sud de l'île, et d'autres ont été replantés depuis. Toute cette vallée est un bois de chênes depuis longtemps, la carte de 1764 : carte Bellin baptise cet endroit : Bois de Louviers.
La piste a été construite après destruction d'un ancien chemin, vraisemblablement construit à la même époque que le fort de la Repentance pendant 600m on va voir les fondations d'un ancien mur de soutien de la partie amont, maintenant à un mètre du talus de droite. pourquoi cette destruction, qui a fait disparaître non seulement le mur, mais aussi toute la faune associée? : Pour élargir le chemin d'une façon économique et parce qu'à l'époque il n'y avait aucune protection pour ce type de patrimoine, le propriétaire pouvait faire ce qu'il voulait des chemins qui n'avaient par ailleurs aucune existence légale (y a-t-il une protection actuellement ou une autorisation à demander? ce n'est pas sûr). On aperçoit vers le fond de la vallée les traces d'un chemin abandonné, marqué par une rangée d'eucalyptus. vers l'époque napoléonienne les chemins ont été bordés d'arbres : chênes, chênes lièges , et surtout eucalyptus car ils poussaient plus vite. La présence d'une rangée d'arbres dans le maquis indique à coup sûr la trace d'un ancien chemin. Vers le bas de la piste, on voit des chemins partout, à croire que chaque commandant de garnison faisait construire le sien!
Une fois arrivé dans la plaine, on laisse à l'ouest le Conservatoire botanique National de Porquerolles, construit dans une pinède récente qui a succédé à une zone jadis cultivée, on peut trouver dans les parages une orchidée, vraisemblablement la "limodore à feuilles avortées" (Limodorum abortivum). Vous pouvez aller y visiter le jardin Emile Jahandiez du nom du botaniste qui a fait connaître, en 1905 l'île et la richesse de sa flore. Ce jardin parait abandonné, peut être fait il double emploi avec le Jardin "Emmanuel Lopez" terme de notre périple ? Nous suivons la rive gauche du ruisseau du Conservatoire, qui reprend le trajet du chemin de l'époque Cassini, allant au Langoustier et que nous avons déjà croisé. nous prenons ensuite sur la droite la route de contournement en empruntant un chemin piétonnier parallèle.
Tous les chemins sur la gauche ramènent au village, le premier va nous ramener à notre point de départ en passant devant le Domaine Perzinsky puis, en suivant à droite le Chemin de la pépinière qui passe entre les dernières villas construites dans l'île et les anciens champs de kumquats plantés par F.J. Fournier, protégés du mistral par une série de murs. On tournera à gauche pour emprunter la rue des anciens chais, appelée ainsi en souvenir de la cave du Domaine de F.J. Fournier qui se trouvait ici, cette rue nous ramène à la Place des deux étoiles.