Les Chemins de Porquerolles

Les Cartes anciennes de l'île

 

Carte de "NAPOLEON" 1812 1856
Première partie


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feu d'assurance


Basée sur un relevé de terrain probablement effectué en 1812-1813, cette carte a été publiée vers 1840 et surchargée à la main en 1856 pour consigner les zones appartenant aux différents propriétaires et les constructions existantes dans l'Ile à cette époque.

Description

Cette carte trouve son origine dans un accès de mauvaise humeur de Napoléon. Ce dernier, qui se préoccupait de la défense des Iles d'Hyères, en 1810, avait constaté l'état déplorable des cartes des Iles et demandé un relevé cartographique correct. Ce relevé à été fait vers 1812 et a servi de fond de carte à partir de cette date, pour le Génie Militaire et, plus tard, pour un usage civil.

La carte nous présente le dispositif défensif de Porquerolles tel qu'il avait été prévu en 1810 dans un Arrêté de Napoléon : Construction de batteries aux Mèdes, au Bon Renaud, au Lequin, en remplacement de la Batterie Républicaine et réfection du fort du Langoustier, du " Grand Fort de Porquerolles " (Batterie des Lions et Château) ; Il indique également d'autres batteries, celles de la Pointe de la Galère et celle du Galéasson et donne le relevé de tous les chemins militaires créés ou réutilisés à l'époque. Ces chemins permettent de faire le tour de l'île et quelques transversales permettent des dessertes directes du Langoustier, par une route proche de la route actuelle par l'intérieur de l'île et par un chemin plus au sud, déjà présent sur la carte de Cassini ; sont desservis également le Cap d'Armes par le chemin classique le long de la Garonne, mais sur la rive gauche et un chemin depuis la Plaine Notre Dame jusqu'à la Galère et le sommet des Mèdes. On remarquera que les reliefs sont hachurés et que les lignes de crêtes, en particulier au mont des Salins et des Mèdes sont dégagées, ce qui laisse supposer qu'elles étaient déboisées et utilisées comme moyen de communication.

Le " Camp Louis XIV " est signalé à la pointe du Langoustier ( Il devait être bien plus visible que maintenant et peut être utilisé) ainsi que la Vigie qui apparaît pour la première fois sur une carte. Nous pouvons donc dater sa construction dans la période 1810 1815

Cette carte a été gravée (ou corrigée) vers 1830, on trouve mentionné : Fabrique, à l'emplacement de la fabrique de soude du Langoustier, usine construite en 1927. Aucun correctif n'a été amené pour indiquer les chemins construits pour cette exploitation.

L'exemplaire que nous reproduisons peut être daté aux alentours de 1840, la gravure primitive a été corrigée pour rajouter le Phare (construit en 1837) et son chemin d'accès, cette correction est nettement visible sur la carte car le graphisme utilisé est différent. A part ce détail, la carte nous donne une image précise des chemins de Porquerolles vers 1815, certains de ces chemins, non entretenus, n'ont cessé de se dégrader et étaient devenus impraticables au milieu du 19eme siècle, comme nous le confirme une description des chemins réalisée par le Génie en 1851.

Cette carte, la seule qui devait être à l'époque à la disposition des habitants ou des touristes, a été surchargée en 1856. On a fait apparaître la division de l'île en lots appartenant aux divers propriétaires, ainsi que les constructions dans le village et à l'intérieur des plaines.

Pour comprendre cette division, il faut remonter un peu le temps et suivre l'évolution de la propriété foncière de l'île.

Les propriétaires de Porquerolles entre 1810 et 1858

L'île avait été rachetée en 1807 par M. REGIS ; Une évaluation fonciére de l'ile, établie en 1810 par le corps Impérial du Génie, en vue d'une éventuelle expropriation nous donne quelques éléments : " Le dernier propriétaire paraît l'avoir acheté de son prédécesseur pour la somme de 5488 F s'engageant pour lui de payer au gouvernement la somme que ce dernier restait à devoir pour prix de la première acquisition, sommes très confusément expliquées au contrat et qui paraissent ne pas dépasser 15 000 F et qui ne sont pas encore payés. On est donc fondé de croire que le dernier propriétaire M. Régis, la possède pour la somme de 20 488 F dont une partie est encore due au gouvernement " ; Ce mémoire évalue le rapport que peut en tirer le propriétaire : environ 4000F dont une petite moitié provient des revenus agricoles et de l'exploitation du bois et une grosse moitié des redevances versées pour l'entretien de la garnison.

M.REGIS sera constamment en différents avec l'autorité militaire pour récupérer le plus de terrains et d'avantages, par exemple en 1818 au sujet de l'expropriation éventuelle de terrains aux Médes, au Gros Mourre et des ruines du moulin à vent. Un compromis était intervenu le 1er mai 1817 pour régler les litiges entre les parties

Le 8 août 1821, Le Comte SUBLET D'HENDICOURT DE LENONCOURT devient propriétaire de l'Ile conjointement avec M. MICHEL pour la somme de 38000F. A la suite de la loi votée sous la Restauration qui prescrivait que tous les biens confisqués lors de la Révolution seraient rendus à leurs ci-devant propriétaires, s'ils n'avaient été vendus ou n'avaient pas reçu d'affectation spéciale de l'Etat. M. de Lenoncourt commença aussitôt à revendiquer les terrains conservés par le Génie militaire. Le procès dura trente ans, et se termina par un compromis, en grande partie à l'avantage du demandeur.

En 1825 les propriétaires ont essayé de vendre l'Ile au Ministère de la guerre, un mémoire du génie, établi à cette occasion nous résume la situation foncière de Porquerolles :

"L'Ile de Porquerolles est actuellement divisée en deux portions appartenant à deux propriétaires différents.

La première consistant en une espèce de bande développée sur toute la circonférence de l'île appartient à l'Etat

La seconde composée de tout le reste de l'île, enclose entièrement dans la première appartient à Messieurs De Lenoncourt et Michel "

N'ayant pu vendre à l'Etat, les propriétaires ont revendu à Messieurs NOILLY et PLASSE, la quasi-totalité de l'île, pour la somme de 80000F, Monsieur De Lenoncourt conservant les zones côtières en litige avec le Génie.

Ces deux nouveaux propriétaires ont décidé de se répartir l'Ile à parts égales en découpant les plaines par le milieu, dans le sens nord sud, de façon à ce que chacun ait la même proportion de terres cultivables et de bois. Ces divisions sont visibles sur la carte : Au Langoustier on trouvait Noilly jusqu'à une ligne allant de la pointe du Brégançonnet au milieu de la plage d'Argent, Ensuite Plasse possédait une bande jusqu'à une ligne reliant la vigie à la pointe Prime, On retrouve Noilly jusqu'à une limite allant du milieu de l'anse du port vers le cimetière et continuant au-delà vers le sud, puis un grand territoire dévolu à Plasse jusqu'à une ligne rejoignant le milieu de la plage de la Courtade à l'entrée est de la calle longue (calanque de l'oustaou di Diou) , Ensuite Noilly revient avec une zone allant jusqu'à une ligne qui coupe en deux la Plaine Notre Dame et enfin le lot des Mèdes , au-delà de cette limite, appartenait à Plasse.

En 1826 la Fabrique de soude est créée, sur un terrain de 18 hectares, à l'est du Langoustier, sur des terrains appartenant à De Lenoncourt pour la partie côtière et à Noilly pour une zone carrée contiguë, à l'intérieur des terres, d'une dizaine d'hectares. L'interdépendance des propriétaires a nécessité des compensations pour Plasse. Ce dernier, qui préférait vraisemblablement augmenter son domaine plutôt que d'avoir une compensation financière a obtenu de Noilly un terrain strictement équivalent à celui que ce dernier avait concédé à la Fabrique, ce carré se situe sensiblement au niveau du Hameau Agricole ; Il est visible sur la carte. Il a du obtenir une compensation comparable de la part de Lenoncourt, vraisemblablement la zone du Phare (qui n'était pas construit à l'époque) et à l'est de la calle longue. (Il n'est pas logique, chronologiquement parlant, que la limite Noilly Plasse à cet endroit se prolonge en ligne droite en limite Noilly De Lenoncourt).

Aucun changement dans la répartition des lots n'est noté jusqu'en 1855. Madame Plasse à repris les lots de son époux, décédé, et probablement à cette époque, mis en fermage les parties cultivées, car on voit apparaître sur la carte, une division en lots de la plaine de Porquerolles, à l'est de la Garonne et jusqu'au Phare de zones, cette fois orientées est ouest, qui représentent les terrains affermés au Sieur Charles Getta. Curieusement la zone centrale, approximativement en face de la Bastide, n'avait pas été affermée, mais par contre une petite zone, avec une construction, sur la rive gauche de la Garonne, était allouée à Getta qui devait probablement y résider. En 1854; De Lenoncourt a racheté pour 3000F les droits des héritiers de La Croix de Castrie, devenant ainsi seul propriétaire des terres restituées aux Emigrés.

En 1855 Madame Plasse a vendu ses parts pour 60000F à Monsieur BONCE ( orthographié Bonnet dans le Guide de l'Abbé Boson). Ce dernier a vraisemblablement borné une partie de son domaine ; On trouve en plusieurs endroits dans l'Ile des bornes rectangulaires qui marquent les limites des propriétés. Par exemple sur le haut du chemin actuel de la Vigie (frontière Bonce Noilly), après les gorges du loup sur le chemin des falaises (frontière Bonce De Lenoncourt), sur le chemin des crêtes partant de Sainte Agathe (frontière entre Bonce et les zones en fermage).

Ces divers propriétaires ont modestement défriché et mis en valeur l'Ile du point de vue agricole ; Dans une étude " statistique " du Génie en 1850, très instructive sur la population de Porquerolles à l'époque, on trouve les renseignements suivants : " L'ile produit en vins, la moitié de sa consommation environ ; elle contient soixante hectares de vignes. Il y a sept hectares de terres à blé appartenant à des particuliers et dix-neuf à l'Etat qu'il loue aux habitants. La production totale et de 200 hectolitres de blé ou avoine " ( N. de PL : il y a vraisemblablement une erreur de transcription, il faut probablement lire 6 hectares car on voit mal les Porquerollais consommant en vins, la production de 120 hectares de vignes !)

C'est probablement Noilly qui a planté les chênes lièges vers Notre Dame et le mont des Salins, les quelques chênes lièges que l'on trouve dans la partie ouest de Porquerolles ont été plantés le long de chemins existants ou créés à cette époque. Les plus vieux chênes liéges présents à Porquerolles devraient avoir environ 170 ans, il y avait une exploitation de 8000 chênes liéges en 1886 qui donnaient un revenu de 1000F nous dit G. DES CHESNES, Inspecteur des Forêts, dans son étude sur Porquerolles (T. Num.)

En 1856 M. De Vicence, Marquis de Caulaincourt, fils du grand écuyer de Napoléon 1er, ambassadeur à Saint Petersbourg, achète la totalité de Porquerolles pour 202000F La part de Noilly est évaluée à 71000F, celle de Bonce à 91000F et celle de Lenoncourt à 40000F.

La carte recopiée ici à été surchargée après l'arrivée de Bonce en 1855 et avant la vente à De Vicence en 1856 ; Il s'agit vraisemblablement d'un document matérialisant l'état des lieux, préalablement à la vente.

La Zone du Langoustier

          La carte à été divisée en trois parties pour assurer une bonne lisibilité. La légende reproduite dans la première zone donne la répartition en lots en 1856 : A pour Bonce, B pour Noilly, C terrains affermés à Charles Getta, D Fabrique de soude et terrains appartenant à Mr Rigaud et Cie, E pour De Lenoncourt. Une grande partie de la zone côtière appartenait à De Lenoncourt, on voit bien la zone qu'il a cédée pour la fabrique, ainsi que la zone revendue par Noilly et la compensation territoriale donnée à Plasse. Les seules constructions rajoutées en 1856 sont celles de la fabrique de soude et la ferme de l'Aigade; le cimetière est également figuré

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Les chemins de 1813 sont assez différents de ceux de la carte de Cassini : seule la partie haute du chemin du Langoustier, du col de la Vigie au Fort a été réutilisée et le chemin des crètes abandonné ; depuis le départ du col du Langoustier, jusqu'à la vigie. Plusieurs nouveaux chemins ont été créés : tout d'abord la desserte de la Batterie du Bon Renaud par un chemin proche de la route actuelle du Langoustier, mais passant près de la plage d'Argent pour passer à l'embouchure du ruisseau du Brégançonnet, (la piste actuelle suit la limite De Lenoncourt Plasse Noilly), il à été prolongé depuis la batterie jusqu'au Langoustier, par un chemin confondu par places avec la piste actuelle. Mais la construction la plus importante, c'est le chemin direct vers le col du Langoustier, confondu avec la route actuelle jusqu'à la ferme Le Ber passant le ruisseau sur un pont dont la voûte est encore visible, puis par le vallon de gauche, (les chênes plantés à l'époque, le long de la voie, sont toujours là), avant de rejoindre la ligne de crêtes ou se trouve un réservoir d'eau, puis le col. Depuis ce chemin, il existait une desserte directe vers la batterie du Bon Renaud, elle est visible sur les cartes jusqu'à la fin du 19eme et a disparu aujourd'hui, mais on peut le retrouver facilement, prés du départ, la traversée du vallon de droite subsiste, ainsi qu'un abreuvoir maçonné en haut de la vigne, et vers l'arrivée à l'extrémité de la plage d'Argent, un alignement de chênes, des rejets de la bordure plantée à l'époque. On remarquera sur la presqu'île du Langoustier, la route du fort, barrée par un redan de protection au niveau de l'isthme, la desserte du camp Louis XIV et du débarcadère pour atteindre le Fort du Petit Langoustier.

Zone du village et de Notre Dame

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